France : les consommateurs sont fatigués.

 

Ce qui devait arriver arriva : après avoir soutenu la croissance française à bout de bras pendant toute la dernière crise, la consommation des ménages commence désormais à fatiguer. Ainsi, après avoir progressé de 2,6 % en novembre et de 0,4 % en décembre (chiffre révisé en baisse), notamment grâce au dernier baroud d’honneur de la prime à la casse, la consommation en produits manufacturés a baissé de 0,5 % en janvier. Certes, compte tenu de la vigueur des deux mois précédents, la facture aurait pu être plus lourde.

Pour autant, le détail des chiffres apparaît inquiétant. En effet, si les achats de biens d’équipement du logement ont tiré leur épingle du jeu, en progressant de 2,4 % en janvier, les deux autres grands postes de la consommation ont subi un net recul. A commencer par l’automobile qui affiche une baisse de 6,3 % sur un mois. Là aussi, eu égard à la flambée engendrée par la fin de la prime à la casse fin 2010, une correction baissière encore plus forte aurait pu se produire. Néanmoins, cette chute mensuelle apparaît comme le début d’une longue période de traversée du désert pour la consommation automobile dans l’Hexagone.

Mais le plus inquiétant ne se situe pas forcément là. En effet, ce mouvement baissier dans le secteur automobile est logique et ne vient que corriger les excès des deux dernières années en la matière. En revanche, la baisse de 1,8 % de la consommation de textile-cuir constitue la véritable déception des chiffres de janvier. Et pour cause : la période des soldes est généralement propice au développement de la « fièvre acheteuse » dans le secteur de l’habillement. Or, cette année, le thermomètre n’a pas monté. Cette évolution est d’autant plus inquiétante que la consommation de textile-cuir avait déjà baissé de 0,9 % en décembre 2010. Conséquence logique de cet accès de faiblesse, le glissement annuel de ce type de consommation s’effondre à – 2,9 %, un plus bas depuis juin 2010.

Autrement dit, en dépit des promotions, les ménages restent frileux et préfèrent vraisemblablement maintenir une épargne élevée plutôt que de « se laisser aller » en matière de dépenses. Cette tendance risque malheureusement de durer avec la nouvelle flambée des cours du pétrole et de l’ensemble des matières premières. En effet, les dépenses énergétiques et alimentaires étant difficilement compressibles, les ménages risquent d’être contraints de compenser l’augmentation de la valeur de ce type de dépenses en réduisant leurs achats dans les autres domaines.

Dans ce cadre, la consommation des ménages français devrait rester faible sur l’ensemble de l’année 2011 et progresser d’environ 1,2 % en moyenne annuelle. Après avoir été LE moteur de l’économie française depuis 1998, la consommation risque donc bien de limiter la croissance hexagonale en 2011, voire en 2012 si les incertitudes internationales ne se réduisent pas et si le climat pré-électoral national génère un mouvement d’attentisme massif.

Marc Touati