DSK : Dominique, Subliminal Kandidat…

 

« J’ai lu dans plusieurs journaux français que la réélection de Dominique serait assurée à la tête du FMI. Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu’il fasse un second mandat». Si par cette déclaration dans le magazine Le Point, Anne Sinclair avait préparé la mèche, Dominique Strauss Kahn, en affirmant toujours écouter sa femme, a mis le feu aux poudres. Si l’on ajoute une majorité de sondages donnant DSK vainqueur contre Nicolas Sarkozy au 2ème tour de l’élection présidentielle, il n’en fallait pas plus pour mettre la classe politique en ébullition. Christian Jacob a dégainé le premier en affirmant : « DSK ce n’est pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ». Alors que les partisans de Martine Aubry font également parler d’eux, cela en dit long sur l’agitation provoquée par quelques petites phrases savamment distillées.

 

Il ne faut cependant pas faire passer les messages subliminaux du couple Strauss Kahn – ou la valeur toujours relative des sondages – dans un accélérateur de particules. En effet, les arguments en faveur d’une non candidature de DSK restent nombreux. Ainsi, si DSK souhaite être candidat, il devra descendre de son piédestal du FMI, ce qui mécaniquement risque de le faire chuter dans les sondages. Ensuite, il devra faire le tour des fédérations socialistes, ce qui n’est pas une sinécure lorsque l’on sait qu’il a l’habitude de traiter avec les grands de ce monde … Enfin, dans l’hypothèse où DSK passerait le cap des primaires, ce qui n’est pas encore acquis, il devra faire face à une campagne présidentielle violente.

 

La dureté des attaques à droite, alors que DSK n’est même pas encore candidat déclaré, laisse augurer de la suite des événements. Pire, DSK devra également affronter des personnes de son propre camp puisque avec des amis comme les socialistes, il n’a pas vraiment besoin d’ennemi. En effet, s’il se réclame de la social-démocratie, beaucoup n’hésiteront pas à la caricaturer en libéral à la solde du capitalisme. Enfin, alors que DSK a effectivement de fortes chances d’être reconduit à la tête du FMI, il risque de perdre sur les deux tableaux s’il échoue à la Présidentielle… Ainsi, pour se lancer vraiment dans la bataille, DSK devra être animé par de fortes convictions à l’égard de son pays et faire preuve de courage politique en privilégiant l’intérêt général plutôt que sa carrière au FMI.

 

L’actuel Président du FMI se livre aujourd’hui à un exercice de funambule : devant respecter un nécessaire devoir de réserve, il ne se ferme cependant pas la porte de la présidentielle. Tous ceux qui pensent qu’il sera candidat devraient se méfier des certitudes qui peuvent jouer des tours en politique ; rappelons nous un certain Jacques Delors.

 

La phrase de la semaine :

«La France me manque comme à n’importe quel expatrié » de Dominique Strauss Kahn.

 

Jérôme Boué