Quinze ans après François Mitterrand, le PS toujours sans leader.

 

Il y a quinze ans disparaissait François Mitterrand, un homme au parcours hors du commun. Si à l’instar de Jacques Chirac, il a occupé tous les grands postes ministériels, il ne fut en revanche jamais nommé chef de gouvernement. Sa lutte pour la conquête du pouvoir ressembla à un parcours du combattant. En effet, François Mitterrand fut candidat à la Présidence de la République pour la première fois en 1965 contre le Général De Gaulle qu’il mit d’ailleurs en ballottage. Candidat à nouveau en 1974, il n’hésite pas à affirmer sa rupture avec le capitalisme mais perd d’une courte tête contre Valéry Giscard d’Estaing qui fit une campagne à la Kennedy. Certain d’avoir un destin national, celui qui, selon VGE, n’avait « pas le monopole du cœur » se lança à nouveau dans la bataille présidentielle en 1981.

 

Après avoir perdu les législatives de 1978, Mitterrand est loin d’être favori et fait même pour beaucoup figure de « has been » face à la jeunesse d’un Rocard. Mais cette fois, François Mitterrand est rompu à l’exercice et il a tiré les leçons de l’échec de 1974. Le débat présidentiel d’entre les deux tours résume à lui seul ce changement. Giscard qui avait suscité d’énormes attentes est affaibli par un bilan médiocre et une campagne polluée par l’affaire des diamants de Bokassa. De plus, Jacques Chirac qui appela en sous-main à voter Mitterrand, donna le coup de grâce à celui dont il fut le Premier Ministre. Nous sommes le 10 mai 1981 et la France bascule à gauche. C’est l’union de la gauche et 4 ministres communistes rentrent symboliquement au gouvernement.

 

L’euphorie fait rapidement place aux difficultés et en 1986, la gauche perd les législatives et la France connaît pour la première fois la cohabitation. Mitterrand est durement atteint mais il fait face, et les événements se déroulent exactement comme il les avait anticipés. Il nomme Jacques Chirac premier ministre pour le battre largement deux ans plus tard aux présidentielles. Il musèle Rocard en le nommant Premier Ministre en 1991, mais ne peut éviter la défaite aux législatives en 1993. C’est la deuxième cohabitation et la tragédie Bérégovoy. Bien que de plus en plus affaibli par la maladie, François Mitterrand qui est animé par une volonté en acier trempé, affirme ne vouloir laisser aucun jour à ses adversaires. Il ira en effet au terme de son mandat en mai 1995, laissant ainsi la France à son meilleur ennemi Jacques Chirac.

 

Alors qu’en mai 2011, on fêtera les trente ans de la victoire de François Mitterrand, l’ombre de ce dernière plane toujours sur une gauche en déshérence et en panne de leadership. Si au début de son mandat, Mitterrand avait songé à Laurent Fabius pour lui succéder, force est de constater qu’il n’a toujours pas de véritable héritier. Delors avait refusé de livrer bataille en 1994, Jospin qui se réclamait d’un droit d’inventaire sur les septennats de Mitterrand, n’avait pas l’envergure du poste.

 

Au delà des clivages idéologiques, François Mitterrand était un homme d’état et un véritable animal politique. Quel que soit le candidat opposé à Nicolas Sarkozy en 2012, seule une victoire à l’élection présidentielle permettra au Parti Socialiste de passer véritablement dans l’ère de l’après Mitterrand.

 

La phrase de la semaine :

«Le G20, les Français s’en foutent. Que les chefs d’entreprise soient sensibles à la gouvernance économique mondiale et à la volatilité des prix des matières premières, cela ne fait aucun doute. Mais ce ne sont pas eux qui font l’opinion. » de François Fillon à propos du G20.

 

Jérôme Boué