Consommation en France : au revoir la prime, bonjour la casse…

 

La prime à la casse plus forte que la neige ! Telle pourrait être la synthèse de l’évolution de la consommation des ménages français en décembre. En effet, alors que les intempéries du mois dernier ont empêché les consommateurs de dépenser massivement pour les fêtes, la fin définitive de la prime à la casse a généré un ultime « rush » chez les concessionnaires. Ainsi, en décembre, la consommation de biens d’équipement du logement a baissé de 0,5 % et celle dans le secteur de l’habillement a chuté de 1 %. Sur l’ensemble du quatrième trimestre, ces deux piliers de la consommation ont respectivement augmenté de 0,5 % et reculé de 0,9 %.

A l’inverse, et comme cela s’observe depuis presque deux ans, les achats d’automobiles ont, une fois encore, sauvé la mise. Et pour cause : après avoir déjà flambé de 14,1 % en novembre, la consommation de ce secteur a progressé de 8,6 % en décembre. Au quatrième trimestre, elle réalise une croissance de 15,4 %. En données annuelles, il faut cependant noter qu’après avoir progressé de 7,9 % en 2009, la consommation automobile a enregistré un recul de 3 % sur l’ensemble de l’année 2010. Dans le même temps, la consommation totale de produits manufacturés a augmenté de 0,7 % en 2009 et de 1 % en 2010.

En d’autres termes, il paraît clair que, sans la prime à la casse, la consommation française aurait été dramatique au cours des deux dernières années. Et ce, même si cette mesure a aussi vampirisé la consommation, en limitant les dépenses pour les autres types de biens.

Dans ce cadre, toutes les inquiétudes pointent pour 2011. En effet, après avoir excessivement dépensé grâce à la prime à la casse et anticipé leurs achats de voitures, les Français risquent désormais de se montrer plus parcimonieux. Et ce, tant dans le secteur automobile que dans celui des autres biens manufacturés. Certes, ayant réfréné leurs ardeurs pour les fêtes de fin d’année, ils devraient largement profiter des soldes de janvier. Néanmoins, après ce dernier sursaut, une phase de traversée du désert devrait s’observer jusqu’aux promotions de printemps. Et, comme l’automobile ne sera plus là pour « masquer la misère », il est à craindre que la consommation connaisse quelques mois de baisse significative.

Seul réconfort possible, le niveau toujours très élevé du taux d’épargne devrait permettre aux ménages de maintenir un certain niveau de dépenses. Mais là aussi, il ne faut pas rêver car, compte tenu de l’augmentation du taux du livret A et de l’ensemble des taux des comptes sur livret, les Français risquent, une fois encore, de préférer l’épargne à la consommation. D’autant plus que l’augmentation des taux d’intérêt sur les crédits devrait aussi freiner les dépenses. Au total, la consommation croîtrait d’au plus 1,5 % sur l’ensemble de l’année 2011. Autrement dit, en dépit d’un logique rebond, l’économie française restera engluée dans la croissance molle.

 

Marc Touati