Jean-Marine Le Pen

 

Alors que Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, le FN revient mécaniquement sur le devant de la scène. Il est vrai que l’actuel Président avait en 2007 littéralement dépouillé le FN de ses électeurs, se constituant ainsi un socle d’électeurs déterminant pour sa victoire. Cependant, alors que les résultats ne sont pas au rendez-vous, notamment en matière de sécurité, que la grogne sociale monte, et que l’économie reste fragile, le FN redevient un parti ou une valeur refuge. En effet, il se nourrit des crises et des mécontentements qui sont son principal fond de commerce. Certes, une minorité de son électorat est constituée d’extrémistes et de xénophobes, mais le FN cristallise surtout les votes protestataires. Il est vrai que pendant longtemps, le FN et la personne de Jean-Marie Le Pen n’ont fait qu’un.

 

Mis sur orbite par la grâce de François Mitterrand, le parti d’extrême droite n’a cessé de monter en puissance depuis le milieu des années 80 jusqu’en 2002. A sa tête, Jean-Marie Le Pen est une figure emblématique. Redoutable orateur, il n’a pas de limite et en a effrayé plus d’un, dont Jacques Chirac qui refusa d’ailleurs de débattre avec lui en 2002. Connu pour son sens de la provocation, il marquera ses esprits par ses nombreux dérapages verbaux qui, bien que « contrôlés », traduisent sa véritable nature. La question est maintenant de savoir si le FN peut exister politiquement sans Jean-Marie Le Pen ?

 

Sa fille Marine, qui souhaite prendre la relève, a compris que pour y parvenir, elle devrait radicaliser son discours vis à vis des militants. Si elle parvient à emporter leur suffrage, elle devra ensuite rendre son propos plus policé vis à vis des électeurs pour pouvoir ratisser plus large que son père à l’époque. Quoi qu’il en soit, que ce soit dans la forme ou dans le fond, cette dernière apparaît aujourd’hui comme le clone de son géniteur. Son programme est d’ailleurs strictement identique : retour au franc, la France aux Français, le droit du sang… Et la crise sociale qui risque de s’intensifier alimentera son discours pour la présidentielle.

 

Mais s’il existe actuellement une corrélation inverse entre la baisse de popularité de Nicolas Sarkozy et la montée en puissance de Marine Le Pen (entre 12 et 14% d’intentions de vote), il ne faut pas enterrer trop vite l’actuel Président. En effet, ce serait une erreur que de se baser sur les sondages actuels alors que nous sommes encore à 17 mois de l’élection présidentielle. N’oublions pas que ce scrutin se joue dans les tous derniers mois et que les surprises peuvent être nombreuses. Ce ne sont pas Edouard Balladur et Lionel Jospin qui diront le contraire.

 

La phrase de la semaine :

“Quand il y a un centimètre de neige, ça va. C’est quand il y en a plus que ça pose problème”. La blague qui circulait lors du conseil national de l’UMP le 11 décembre.

 

 

Jérôme Boué