France : les températures chutent, la consommation aussi…

 

Rien ne va plus dans le ciel conjoncturel français. Après le recul du climat des affaires dans l’industrie en novembre, c’est au tour de la consommation de déraper. En effet, après une chute de 1,6 % en août et un rebond correctif de 1,6 % en septembre, la consommation en produits manufacturés a reculé de 0,7 % en octobre. Son glissement annuel repart ainsi dans le rouge avec un niveau peu reluisant de  – 0,3 %.

Pis, à l’exclusion des biens d’équipement du logement, tous les postes de la consommation sont en chute libre. A commencer par l’automobile, dont les ventes s’effondrent de 4,4 % en octobre et de 7,6 % sur un an. Octobre constitue ainsi le septième mois consécutif de baisse annuelle de la consommation de véhicules. Et ce n’est pas terminé, car compte tenu de la fin de la prime à la casse, cette descente aux enfers devrait s’accélérer dans les prochains mois, avec des glissements annuels qui pourraient atteindre les – 20 % en décembre.

Cette décrue était évidemment prévisible dans la mesure où elle ne fait que dupliquer les évolutions observées en 1996-97 lors des dernières phases de primes à la casse. Au cours de ces périodes, les consommateurs ne font effectivement qu’anticiper leurs dépenses automobiles des mois suivants, qui sont donc logiquement marqués par une forte décrue. Et ce d’autant plus que le chômage reste fort et le pouvoir d’achat ténu.

Certes, le maintien d’un taux d’épargne historiquement élevé devrait permettre de limiter les dégâts. Néanmoins, la baisse de 0,4 % de la consommation de textile-cuir en octobre (avec un glissement annuel de – 0,6 %) indique que les ménages ne sont plus enclins à dépenser sans compter.

Ainsi, ils devraient encore limiter leurs achats en novembre, en prévision de leurs dépenses des fêtes de fin d’années et des soldes de janvier qui, devraient certes s’avérer appréciables, mais non-euphoriques.

Il faut donc se préparer à une faiblesse durable de la consommation hexagonale. Selon nos estimations, cette dernière progresserait d’environ 1,5 % tant en 2010 qu’en 2011. Il s’agirait donc de performances correctes mais largement insuffisantes pour permettre à l’augmentation du PIB français d’atteindre la barre des 2 %. Compte tenu d’une progression également molle de l’investissement des entreprises, la croissance hexagonale devrait donc avoisiner les 1,6 % cette année et les 1,8 % l’an prochain. Dans ces conditions, l’emploi restera faiblard et le déficit public toujours proche des 7 % du PIB. A l’évidence, si la France est bien sortie de la récession, elle reste engoncée dans la mollesse économique.

 Marc Touati