Dominique Strauss « can »

 

Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, voilà que la possible candidature de Dominique Strauss Kahn agite de nouveau les esprits. Il est vrai que l’homme ne manque pas d’atouts. Ex ministre de premier plan, actuel Président du FMI, ses compétences en matière économique sont unanimement reconnues. Au poste prestigieux qu’il occupe désormais depuis le 1er novembre 2007, DSK a désormais acquis une dimension internationale. Il a en effet aujourd’hui la stature et l’envergure d’un homme d’état. De surcroît, à l’inverse de Martine Aubry, DSK n’est pas un idéologue et peut être considéré comme un social démocrate. De fait, il serait sans doute plus à même de grappiller des voix dans le camp opposé et notamment chez les déçus du sarkozysme.

 

Depuis le départ de François Mitterrand en 1995, la gauche est toujours en quête d’un véritable leader pouvant lui permettre d’accéder à la présidence de la République. Lorsqu’en décembre 1994, Jacques Delors a publiquement annoncé qu’il renonçait à se présenter à l’élection présidentielle contre Jacques Chirac, la gauche s’est retrouvée désemparée, à court de leader. Alors que Jospin a tant bien que mal essayé de remplir ce rôle, deux échecs successifs à la présidentielle l’ont définitivement rayé de l’échiquier politique. Face à une Martine Aubry très dogmatique et à une Ségolène Royal très marketing, DSK peut donc avoir l’ambition d’incarner un nouvel élan pouvant porter son camp à la victoire.

 

Enfin, au vu du dernier remaniement ministériel qui a créé un schisme avec les centristes, il n’est pas exclu que ces derniers se rapprochent de DSK pour créer une alliance de centre gauche qui pourrait bien faire « tomber » Nicolas Sarkozy. L’actuel président, en fin tacticien qu’il est, avait d’ailleurs bien perçu le danger DSK, ce qui l’avait amené à appuyer fortement sa candidature à la tête du FMI. DSK serait-il devenu le talon d’Achille de Nicolas Sarkozy ? L’équation reste complexe et plusieurs inconnues subsistent.

 

En effet, si nous sommes à 18 mois de l’échéance présidentielle, plusieurs événements peuvent encore changer la donne. En d’autres termes, une possible candidature de DSK sera bien sûr conditionnée par le contexte politique à l’approche de l’élection. Quel sera le capital sympathie de Nicolas Sarkozy en 2012 ?, nul ne le sait encore. Si le président est désormais au plus bas dans les sondages, ce serait une erreur de l’enterrer trop vite. Une élection présidentielle se joue dans les tous derniers mois, ce n’est pas Jacques Chirac qui dira le contraire (cf campagne de 95 puis contexte de sa ré élection en 2002).

 

Deux étapes restent à franchir pour DSK. Alors qu’il pourrait succéder à Jean Claude Trichet à la tête de la BCE ou à Barroso à la tête de la Commission Européenne, se lancera t il dans la bataille présidentielle ? Ensuite, s’il décidait d’y aller, passera t il le cap des primaires du Parti Socialiste en 2011 ? Sa défaite face à Ségolène Royal en 2006 reste encore dans les esprits. En 2011, les socialistes auront donc deux alternatives. Premièrement, un choix idéologique qui favoriserait Martine Aubry. Deuxièmement, un vote donnant sans doute davantage de chance à la gauche de remporter l’élection : DSK. N’ayant pas gagné d’élection présidentielle depuis 22 ans, il est possible que cette fois, la raison l’emporte sur l’idéologie.

 

La phrase de la semaine :

« DSK, ce n’est plus la gauche caviar, c’est la gauche caviar roulée à la feuille d’or. » Selon un parlementaire de l’UMP qui a souhaité garder l’anonymat.

 

Jérôme Boué