Et de deux ! Après la forte augmentation du climat des affaires dans l’Hexagone en octobre, c’est au tour de la consommation des ménages en produits manufacturés de rassurer sur l’état de l’économie française, du moins à court terme. En effet, après avoir baissé de 1,6 % en août, cet agrégat a progressé de 1,5 % en septembre. Compte tenu d’une flambée de 2,8 % en juillet liée au traditionnel effet soldes, la consommation s’accroit ainsi de 1,2 % en moyenne sur l’ensemble du troisième trimestre. A quinze jours de la publication des comptes nationaux, cette évolution a donc de quoi apaiser les esprits. Elle montre notamment que la croissance du PIB restera positive au troisième trimestre sans pour autant être flamboyante. Selon nos estimations, elle atteindrait au plus 0,3 %. Ce qui est certes un bon résultat mais confirme la fragilité de la reprise.
Cette faiblesse chronique est d’ailleurs renforcée par l’évolution de la consommation de septembre qui ne doit son salut qu’à un rebond de 11,2 % des ventes d’automobiles. Cette reprise s’explique à la fois par un effet de correction de la baisse passée, mais aussi par les dernières campagnes commerciales des constructeurs qui marquent la prochaine fin définitive de la prime à la casse. Il s’agit donc d’un dernier baroud d’honneur de la consommation automobile avant une phase durable de traversée du désert. D’ailleurs, il est à noter que malgré son rebond de septembre, celle-ci affiche un glissement annuel de – 4,2 %.
Parallèlement, il faut souligner que les autres postes de la consommation sont particulièrement moribonds. Ainsi, pour le deuxième mois consécutif, les achats de biens d’équipement du logement ont enregistré une stagnation. De même, après avoir flambé de 12,5 % en juillet dans le sillage des soldes, puis rechuté de 6,2 % en août, la consommation de textile-cuir n’a progressé que de 0,2 % en septembre. Et ce, en dépit de la prime de rentrée scolaire. De quoi montrer que, même sous perfusion, la consommation des ménages ne fait plus de miracles.
C’est bien là que réside le bémol principal de l’économie française : elle demeure artificiellement soutenue par les nombreuses aides publiques qui permettent de masquer la faiblesse de l’emploi et du pouvoir d’achat. En outre, malgré ces largesses, la consommation des ménages est loin d’être mirobolante, comme le confirme d’ailleurs son glissement annuel qui n’est que de 1,1 % en septembre 2010. Nous sommes donc toujours très loin des 3 à 4 % qui prévalaient presque structurellement il y a encore trois ans.
Enfin, n’oublions pas que les dépenses de septembre n’ont évidemment pas intégré la dégradation récente du climat social. Au-delà des blocages engendrés, celle-ci pèsera inévitablement sur la confiance et sur les dépenses des Français. Même si, grâce à un taux d’épargne toujours très élevé et à des taux d’intérêt très bas, la consommation ne devrait pas s’effondrer dans les prochains mois, il faut donc se préparer à une croissance durablement faible tant en matières de dépenses des ménages que de PIB. Dans les deux cas, celle-ci devrait se stabiliser entre 1,5 % et 2 % au moins jusqu’à la fin 2011.
Marc Touati