L’après Sarkozy a-t-il déjà commencé ?

 

Les dernières déclarations de François Fillon sur le fait que Nicolas Sarkozy n’ait jamais été son mentor ont fait couler beaucoup d’encre, mais ce n’est pas un scoop. En effet, il est communément admis que le seul et unique mentor de François Fillon fut Philippe Seguin, et le Premier Ministre semble prendre un malin plaisir à se démarquer. Cependant, dans le contexte de l’imminence d’un remaniement ministériel, François Fillon souhaiterait-il que Nicolas Sarkozy le remplace qu’il ne s’y prendrait pas autrement. En effet, bien que l’hypothèse soit de moins en moins probable, la liste des candidats potentiels à Matignon comprend François Fillon lui-même. Mais compte tenu du climat très tendu qui règne entre les deux hommes, il y a aujourd’hui très peu de chance que Nicolas Sarkozy renouvelle le bail de Fillon. Le tandem à la tête de l’exécutif était donc bien un CDD – couple à durée déterminée.

 

Si le départ de François Fillon est donc quasiment acquis, les spéculations sur sa future rivalité avec Nicolas Sarkozy vont bon train. Cependant, ces dernières sont très largement prématurées. En effet, bien qu’il s’en défende, il ne fait aucun doute que Nicolas Sarkozy se représentera en 2012, et on ne voit pas comment François Fillon pourrait lui barrer la route. Quant aux diverses projections sur les élections de 2017, il s’agit pour l’instant de pure politique fiction. Si les candidats potentiels sont légion (Copé, Bertrand, Borloo, Fillon), l’horizon temporel est bien trop important pour faire quelque prévision.

 

En revanche, il est certain que pour avoir une chance de représenter la droite à l’élection de 2017, il faut absolument prendre la tête de la machine de guerre UMP. Nicolas Sarkozy l’avait fort bien compris puisque la défaite de son poulain Edouard Balladur qui tenta l’aventure en 1995 sans le parti reste encore présente dans son esprit. Jean-François Copé l’a également bien intégré puisqu’il affirme ouvertement qu’il veut l’UMP. Seulement voilà, la prise de contrôle du parti majoritaire n’est pas une sinécure, n’est pas Chirac qui veut ! De surcroît, nous ne sommes pas complètement à la cour du roi puisque le Président de la République n’a pas encore le pouvoir d’imposer le futur leader du premier parti de France.

 

L’élection à la tête de l’UMP est donc à droite l’équivalent des primaires à gauche. C’est dire son importance. Il est possible que si un candidat dissident tentait l’aventure, il aurait très peu de chance de l’emporter. Cet électron libre pourrait bien être dès 2012 Dominique de Villepin, dont les ambitions présidentielles sont affichées, mais qui participera à l’élection sous ses propres couleurs. Plus qu’une réelle menace, il représentera au moins une nuisance, car il divisera la droite. Ce serait alors le retour de la fameuse machine à perdre, c’est peut être cela l’après Sarkozy…

 

 

La phrase de la semaine :

«Le Ministre de l’Economie qui fera le G20 sera la potiche de Sarkozy, et ça, Juppé ne l’acceptera pas» Un conseiller élyséen à propos de la possible nomination d’Alain Juppé à Bercy.

 

Jérôme Boué