France : La consommation n’est plus ce qu’elle était…

  La consommation française n’est malheureusement plus ce qu’elle était. En effet, habituée à soutenir la croissance à bout de bras sans quasiment jamais faillir, cet agrégat phare de la conjoncture hexagonale commence à multiplier les signes de faiblesse. Ainsi, après avoir déjà enregistré plusieurs mois de baisse depuis deux ans, puis faiblement rebondi de 0,6 % en mai 2010, la consommation des ménages en produits manufacturés a reculé de 1,4 % en juin. Pis, son glissement annuel plonge à -1,9 %, un plus bas depuis février 2009.
Certes, il est possible d’expliquer cette contre-performance par un effet calendaire indépendant de la volonté des Français. En l’occurrence, la date du début des soldes, ces derniers n’ayant débuté que le 30 juin, alors qu’ils avaient commencé le 25 juin l’an passé.
Conséquence logique de ce décalage temporel, la consommation en textile-cuir a chuté de 5% en juin, enregistrant un glissement annuel de -8,9%. “Si tout va bien”, une correction haussiere devrait donc s’observer en juillet.
Pour autant, il ne faut pas trop compter sur cet argument pour minimiser la baisse de juin. D’une part, parce que, compte tenu d’une saison très difficile, de nombreuses enseignes n’ont pas hésité à pratiquer de forts rabais avant même le 30 juin. D’autre part, il ne faut pas oublier que le premier jour des soldes est souvent l’un des plus dynamiques de la période. Cette année, il ne faudra donc pas s’attendre à des miracles.
Plus globalement, il faut aussi souligner qu’à côté de cet effet soldes, tous les postes de la consommation souffrent. Et même s’il ne s’agit souvent que d’un effet de correction de la hausse des mois précédents (notamment pour les biens d’équipement du logement), les variations sur l’ensemble du deuxième trimestre restent assez inquiétantes.
Ainsi, après avoir déjà chuté de 11,5 % au premier trimestre 2010, la consommation automobile a encore reculé de 8,4 % au deuxième.
Quant a l’ensemble de la consommation en produits manufacturés, elle affiche un repli de 0,9% sur le deuxième trimestre. Une telle déconvenue est évidemment de mauvais augure pour la croissance du PIB du deuxième trimestre, qui sera publiée le 13 août.
En effet, alors que de nombreux instituts tablent sur une progression du PIB français d’au moins 0,4% sur le deuxième trimestre, un petit 0,1% (0,2% dans le meilleur des cas) risque de s’imposer.
Autant d’évolutions qui rappellent simplement que l’économie française reste fragile et structurellement engoncée dans la croissance molle.
Si jusqu’à présent, la consommation réussissait à chaque fois à sauver l’honneur, les difficultés grandissantes sur le front des dépenses des ménages commencent à changer la donne.


Marc Touati