Après quelques mois de rémission, les « affaires » qui font désormais partie intégrante de notre vie politique, ont repris du service au plus haut niveau de l’Etat. Alors que nous approchons du 14 juillet, nous assistons déjà à un véritable feu d’artifice de scandales politico-financiers. La liste est longue : entre les cigares de Christian Blanc, la mission de complaisance très bien rémunérée de Christine Boutin, la chambre d’hôtel de Rama Yade en Afrique du Sud, la location d’un jet privé à 116 500 € d’Alain Joyandet et son permis de construire illégal en Provence, l’usage abusif du logement de fonction par la famille de Fadela Amara… On ne sait plus où donner de la tête.
Plus récemment, l’affaire Woerth impliquant l’ancien ministre du Budget et sa femme, relance au passage le thème récurrent du financement des partis politiques. Le fait qu’Eric Woerth ne démissionne pas spontanément de ses fonctions et qu’il soit protégé au plus haut niveau de l’Etat, alimente de nouveau le soupçon d’impunité de la classe politique. Par delà même ces dérapages, nous avons encore l’impression de vivre dans une monarchie républicaine, et il est manifeste que tous les privilèges n’ont pas été abolis en 1789. Bien évidemment, cet état de fait récurrent transcende les clivages politiques, et fait presque partie de nos traditions républicaines.
Jospin, Juppé, Gaymard, Chirac, et bien d’autres encore, en ont fait les frais en leur temps. Quant à Nicolas Sarkozy qui était épargné jusqu’ici par les scandales financiers, il est désormais impliqué directement. Lui à qui l’on reprochait déjà son style ostentatoire et la hausse substantielle de son salaire à son arrivée à l’Elysée, est maintenant pris dans la tourmente du scandale Woerth-Bettancourt. Comme il faut calmer les Français qui commencent à en avoir assez, les têtes pensantes de l’Elysée ont symboliquement supprimé la Garden Party du 14 juillet. Mais parallèlement, le Président s’est offert un Air Force One à la française pour un coût total de 176 millions d’Euros… Cherchez l’erreur…
Ces affaires qui deviennent presque structurelles dans la vie politique française, élargissent le fossé qui sépare les Français de leurs élus. Nous sommes encore dans un pays de lutte des classes en plein crise économique et sociale avec des élus qui dérapent. Le résultat de ce cocktail risque d’être à terme détonnant. En effet, alors nos concitoyens doivent se serrer la ceinture, la classe politique a un devoir d’exemplarité pour justifier la confiance qui lui a été donnée. Malheureusement, alors que les dépenses publiques explosent, les Français ont trop souvent l’impression d’avoir, sur la foi de promesses électorales, signé un chèque en blanc.
La phrase de la semaine :
«Pas question de démissionner pour donner raison à ceux qui m’attaquent » d’Eric Woerth dans les couloirs de l’Assemblée.