La consommation française sauvée par la Coupe du Monde.

 

Sauvée par la Coupe du Monde ! Telle pourrait être la synthèse de l’évolution de la consommation des ménages français en mai 2010. En effet, alors que tous les postes de la consommation en produits manufacturés reculent (- 0,1 % pour l’automobile, – 1,6 % pour le textile-cuir et – 0,2 % pour les autres produits), seuls les biens d’équipement du logement enregistrent une forte augmentation, en l’occurrence + 7,3 %. Leur glissement annuel atteint ainsi + 14,6 % en mai, un plus haut depuis juillet 2007.

Ce boom s’explique presque exclusivement par la flambée du secteur de l’électronique grand public, en particulier en matière d’achats de téléviseurs. Ces derniers ont été « boostés » par l’approche de la coupe du monde de football, par le passage au « tout numérique » en Bretagne et dans les Pays de la Loire, ainsi que par toutes les promotions qui ont accompagné ces deux évènements.

On se souvient par exemple des enseignes annonçant le remboursement des téléviseurs achetés dans le cas où la France gagnait le Mondial. Ces distributeurs ont donc fait coup double : une forte hausse des ventes et une promesse qui passe aux oubliettes grâce à la « performance » des Bleus.

Il s’agit donc bien d’un élément ponctuel qui ne doit pas cacher la forêt d’une consommation française en difficulté. En effet, après avoir bénéficié à plein de la prime à la casse, les achats de voitures ne cessent de reculer depuis la fin (certes progressive) de ce soutien artificiel. Leur glissement annuel atteint désormais – 5,1 % et devrait encore se dégrader dans les prochains mois.

Autre déconvenue, le textile-cuir a pâti d’un printemps « pourri » d’un point de vue climatique, chutant de 1,1 % en avril et de 1,6 % en mai. Les soldes d’été seront donc les bienvenues pour essayer de limiter les dégâts d’une saison catastrophique.

Après avoir soutenu à bout de bras la croissance française, la consommation des ménages devrait donc désormais « vivoter », progressant mollement au gré des promotions et des conditions climatiques et sociales. Selon nous, elle croîtrait d’au mieux 1,5 % cette année. Il n’y a donc pas péril en la demeure, mais la « fièvre acheteuse » restera un vieux souvenir.

Marc Touati