Après quatorze mois de remontée poussive, le climat des affaires dans l’industrie française est déjà reparti à la baisse. En perdant deux points en juin, il réalise même sa plus mauvaise performance depuis mars 2009. Certes, avec un niveau de 95, il reste à un niveau appréciable, mais toujours au-dessous de la barre des 100 qui représente sa moyenne de long terme. La dernière fois que cette dernière a été dépassée remonte d’ailleurs à juin 2008 !
En outre, cette baisse s’explique principalement par la chute de l’indicateur des perspectives personnelles de production, c’est-à-dire l’un des meilleurs indicateurs avancés de l’activité industrielle et de la croissance globale. Ainsi, après avoir déjà baissé de trois points en mai, cet indicateur en a encore perdu dix en juin. Avec un niveau de – 7, il se situe à un plus bas depuis décembre 2009.
Autrement dit, en dépit de la baisse de l’euro et du rebond de la croissance mondiale, les industriels français sont toujours à la peine. Cet apparent paradoxe ressort très bien dans l’évolution des carnets de commandes. En effet, alors que les carnets de commandes étrangers gagnent sept points en juin, les carnets de commandes globaux en perdent quatre ce même mois. Conclusion : la demande intérieure recule fortement, et ce en particulier dans les biens d’équipement et les transports. Deux évolutions qui confirment que l’investissement n’a toujours pas retrouvé le chemin de la croissance et que la fin de la prime à la casse commence déjà à produire ses effets négatifs.
Pis, ces replis tranchent avec la bonne résistance de l’industrie allemande, comme en témoigne la nouvelle augmentation du climat des affaires de l’enquête IFO en juin. Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle : l’Allemagne a eu le courage de mettre en place des réformes profondes de son économie et de son industrie, elle en récolte aujourd’hui les fruits. A l’inverse,
Ce triste constat industriel se retrouve d’ailleurs au niveau de l’ensemble des secteurs économiques. Ainsi, en juin, le climat des affaires se replie également dans le commerce de détail et dans les services. De plus, ce retour du pessimisme ne peut évidemment pas être imputable à la catastrophique prestation des Bleus au Mondial, puisque les enquêtes ont été menées avant les frasques de ces derniers. En revanche, cela doit nous préparer à des enquêtes de juillet encore plus moribondes. Car s’il est clair qu’un bon parcours des Bleus n’aurait pas transformé la croissance molle en une croissance forte, leur comportement dramatique risque d’alimenter le pessimisme ambiant.
Si nous maintenons notre prévision d’une croissance française de 1,5 % cette année et d’environ 2 % en 2011, il s’agit là de plafonds qui pourraient malheureusement être abaissés dans les prochains mois, par exemple si l’euro ne poursuit pas sa baisse et/ou si la crise politique eurolandaise perdure.
Marc Touati