Après vingt ans de tergiversations, d’occasions manquées et de réformes avortées,
Mais comme disait Charles Pasqua il y a déjà bien longtemps « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». La question est simplement de savoir qui pouvait croire qu’en dépit de l’allongement de la durée de vie et de l’arrivée du papy boom, il serait possible de maintenir la retraite à 60 ans dans l’Hexagone. Et ce d’autant que
A contrario et même si elle n’a pas encore été votée, la réforme des retraites montre également que lorsqu’ils sont mis au pied du mur, nos dirigeants politiques savent mettre en place de véritables modifications structurelles. Car, ne nous leurrons pas, si
Mais, au-delà de ces « tracasseries administratives » traditionnelles dans l’Hexagone, le vrai problème de la nouvelle retraite à la française réside dans le fait qu’elle repose encore sur des hypothèses très optimistes. En l’occurrence, un taux de chômage durablement compris entre 4,5 % et 7 % à partir de 2015. Si « impossible » n’est pas français, il faut néanmoins reconnaître qu’une telle perspective paraît difficilement envisageable. Non seulement, parce qu’avec un niveau actuel de 10 %, il sera très ardu de descendre sous les 7 % même en 2015. Mais surtout, parce qu’en admettant qu’un tel miracle se produise, il est particulièrement hasardeux d’imaginer que
C’est d’ailleurs là l’autre grand problème de la réforme des retraites. Car, en plus de contredire la promesse de Nicolas Sarkozy de ne pas toucher à la retraite à 60 ans, elle met également à mal son principal slogan de campagne : « travailler plus, pour gagner plus ». Si le premier volet de ce slogan est certes respecté, le second risque d’être légèrement modifié, en remplaçant « plus » par « moins ». Et pour cause : les Français devront cotiser plus longtemps pour récupérer proportionnellement une retraite moindre. Cette remarque ne signifie évidemment pas qu’il ne fallait pas engager la réforme de la retraite, mais que cette dernière doit faire partie d’une transformation beaucoup plus profonde, que certains appelaient il y a encore quelques temps : la « rupture ». Cette dernière devait à la fois passer par une baisse massive de la pression fiscale et réglementaire, notamment sur le marché du travail, mais auss par une baisse des dépenses publiques de fonctionnement. Ces évolutions sont indispensables pour augmenter la croissance structurelle de
A l’inverse, si ces mesures ne sont pas prises, la croissance restera molle et le taux de chômage élevé, ce qui empêchera les prévisions optimistes du cadrage financier de la réforme des retraites de se réaliser. Et ce d’autant que si l’activité reste moribonde, il sera de plus en plus difficile pour les entreprises de continuer à embaucher des personnes au-delà de 60 ans, donc de plus en plus ardu pour ces dernières de remplir leurs annuités de cotisations, donc de percevoir des retraites complètes… Nous touchons malheureusement là un vieux travers de la politique française : par peur de bousculer les habitudes, les dirigeants du pays ont pris l’habitude de limiter leurs réformes et de résoudre les difficultés de l’économie française par petites touches ou plutôt par le petit bout de la lorgnette. Moyennant quoi, ils deviennent souvent impopulaires tant pour ceux qui les ont élu que pour ceux qui ont voté contre eux. En d’autres termes, ils perdent sur les deux tableaux : ils n’ont pas suffisamment modernisé le pays et ils deviennent impopulaires.
Voilà pourquoi, la seule voie possible est d’engager une rupture massive. L’impopularité sera peut-être temporairement au rendez-vous, mais en échange, le pays pourra repartir sur des bases saines avec une croissance forte et un emploi dynamique.
Marc Touati