Industrie française : la reprise molle continue.

 

Mou c’est mou… En dépit du rebond de la croissance mondiale et d’un inévitable effet de rattrapage après la forte baisse de ces dernières années, la production industrielle française reste molle. Ainsi, après avoir augmenté de 1,3 % en mars, cette dernière enregistre une baisse de 0,3 % en avril.

Certes, ce nouveau repli s’explique principalement par la baisse de la production dans l’énergie (- 6,4 %) et l’agro-alimentaire (- 0,6 %). La production manufacturière affiche ainsi une hausse de 0,4 % en avril. Et ce, notamment grâce à l’augmentation de 2,1 % de la production de machines et biens d’équipement. Autrement dit, un mouvement de rattrapage industriel et de léger réinvestissement est bien en train de se produire dans l’Hexagone.

Pour autant, la fragilité reste de mise. D’ailleurs, même si, après avoir chuté de 2,1 % en mars, la production de matériels de transport progresse de 1,3 % en avril, sa variation sur trois mois reste négative à – 2,1 %. En d’autres termes, même progressive, la fin de la prime à la casse continue de produire ses effets négatifs sur l’activité.

Plus globalement, il faut également noter qu’en dépit de son redémarrage technique, qui lui permet même d’afficher un glissement annuel de + 7,9 % en avril, la production industrielle est loin d’avoir rattrapé le retard accumulé pendant la crise. Ainsi, par rapport à son niveau d’avril 2008, elle subit encore une baisse de 12,5 % ! Pis, le niveau actuel de la production (précisément 91,4 en avril 2009 pour une base 100 en 2005) est identique à celui qui prévalait au printemps 1997 ! C’est dire l’ampleur des dégâts, qui mettront des années avant d’être réparés.

Néanmoins, l’industrie française dispose désormais d’un soutien de poids, en l’occurrence la baisse de l’euro. En effet, en retrouvant un niveau normal, c’est-à-dire entre 1,15 et 1,20 dollar, l’euro va permettre à l’industrie hexagonale de mieux profiter du rebond de la croissance mondiale et aussi de moins souffrir de la concurrence des produits importés. Lorsque l’euro était trop fort, ces derniers devenaient effectivement ultra-compétitifs par rapport aux produits nationaux qui perdaient donc mécaniquement des parts de marché.

Aujourd’hui, la situation est donc en voie de normalisation. Le drame c’est qu’il ait fallu attendre une grave crise de la zone euro pour y parvenir. Dès lors, la poursuite de cette crise pourrait limiter les impacts positifs de la baisse de l’euro sur l’activité économique.

Pour autant, dans la mesure où une baisse de 10 % de l’euro apporte 0,4 point de croissance supplémentaire tant en France que dans la zone euro, nous tablons sur une croissance française et eurolandaise proche de 2,5 % pour le début 2011. Ce qui, compte tenu d’une croissance structurelle d’environ 1,5 %, n’est déjà pas si mal..

 

Marc Touati