Brice Dévisse.

 

« Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. » Pour ces propos prononcés en présence d’un jeune militant d’origine maghrébine, Brice Hortefeux vient d’écoper d’une amende de 750 Euros. Les juges ont en effet estimé que l’injure stigmatisait les personnes d’origine arabe, « présentées négativement du seul fait de leur origine. » Cet épisode peu glorieux de la vie politique française ne grandit pas Brice Hortefeux. En sa qualité de Ministre de l’Intérieur, ce dernier se doit d’être irréprochable et ses propos sont pour le moins indignes de sa fonction. En essayant ensuite de faire croire qu’il faisait allusion aux Auvergnats et non aux Arabes, Brice Hortefeux s’est enlisé davantage. Il est vrai que, filmé par des caméras de Public Sénat, le Premier flic de France n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre dans sa défense…

 

Du fait de son amitié de longue date avec Nicolas Sarkozy, les critiques les plus acerbes ne manqueront pas de souligner qu’il suit l’exemple de son mentor. Bien que ce ne soit pas sa préoccupation première, cette affaire demeure embarrassante pour le Président de la République. En effet, lui qui a toujours prôné la compétence des hommes dans les nominations de ses Ministres, semblerait avoir fait une erreur de casting à un poste très sensible. Nicolas Sarkozy ne peut cependant pas perdre la face en remplaçant, comme la gauche le demande, son Ministre de l’Intérieur, sous peine de se déjuger. Il avait cependant fortement réagi à l’époque des faits, reprochant par ailleurs à Brice Hortefeux de ne pas être en costume, fait inacceptable pour un Ministre de la République… Pourtant, à l’époque où il occupait lui même ce poste, Nicolas Sarkozy avait employé les termes de « karcher » et de « racaille ». Il ne semble donc pas le mieux placé pour faire la morale à son ministre.

 

Au delà de l’épisode Brice Hortefeux, il n’est pas rare que nos très médiatiques hommes politiques dérapent. Il y a même des spécialistes comme Jean-Marie Le Pen qui en faisait un fond de commerce, sans oublier Georges Frêche qui avait traité les harkis de sous-hommes. Propos pour lesquels il fut d’ailleurs relaxé en appel. On se souvient également de Jacques Chirac en son temps, parlant « du bruit et des odeurs »…Malheureusement pour leurs auteurs, à l’heure d’internet et de Youtube, le buzz est immédiat avec les conséquences que l’on peut imaginer. Sur l’échiquier politico-médiatique, les parties sont souvent très tendues. Ainsi, à l’instar de certains joueurs d’échecs, de nombreuses personnalités politiques s’expriment d’abord et réfléchissent ensuite. Malheureusement, sur l’échiquier comme dans la vie politique, lorsque le coup est joué, on ne peut plus revenir en arrière…

 

 

La phrase de la semaine :

«Dix générations de journalistes ne suffiront pas à nous fâcher, Brice est le seul qui peut faire le job après moi» de Nicolas Sarkozy, à propos de son ami Brice Hortefeux.

 

Jérôme Boué