Le look des politiques.

 

Alors que le festival de Cannes vient de s’achever, il est important de rappeler qu’en politique comme au cinéma, le look a son importance.

 

A gauche tout d’abord, l’équation est particulièrement complexe, car il s’agit d’avoir du style sans être ostentatoire. Les disparités de style sont importantes et on frise même parfois le grand écart. Ainsi, Lionel Jospin qui, bien que retiré de la vie politique française, est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière vestimentaire. Que ce soit en 1995 ou en 2002, l’ex secrétaire national du PS avait davantage le look d’un prof d’université que celui d’un futur chef d’Etat. Cela peut paraître futile, mais pour être Président, il faut rentrer dans le costume et les Français y attachent beaucoup plus d’importance qu’on ne le croit. Diamétralement opposé, Dominique Strauss Kahn, toujours très élégant, n’hésite pas à faire dans le plus voyant : montres de manufacture, costumes de grands couturiers, c’est ce que l’on pourrait appeler « la gauche caviar qui s’assume ». Contrairement à Jospin, DSK qui ne diabolise ni l’argent ni la possession, a un style beaucoup plus rassembleur susceptible de séduire un électorat de droite.

 

Autre cas de figure, Laurent Fabius et son look faussement décontracté. On se rappelle les photos du plus jeune Premier Ministre que la France ait connue (38 ans), achetant ses croissants en robe de chambre et pantoufles. Malheureusement, ces artifices n’arrivent pas à masquer sa raideur naturelle qui crève l’écran à chaque débat télévisé. Issu d’une famille d’antiquaires parisiens, Fabius appartient plus à la gauche caviar qui ne s’assume pas. Martine Aubry quant à elle, affiche un style classique voire austère, qui correspond à la fois à l’image qu’elle souhaite véhiculer mais également à sa personnalité. Seul problème, ce style de proviseur ne l’aide pas à créer une proximité avec ses électeurs. Enfin à l’opposé, le style Ségolène Royal se veut bobo et non conventionnel. On en oublierait presque qu’elle sort de l’ENA… Une alchimie qui lui a bien réussi en 2006 et 2007.

 

A droite, on se souvient du style Jacques Chirac dans les années 70, crispé derrière ses grandes lunettes, puis de celui des années 80, en jeune loup du RPR aux dents longues. Le Chirac relooké des années 90 est apparu plus décontracté, avec son petit air de Cary Grant apprécié in fine par une majorité de Français. Son fils spirituel s’appelle Dominique de Villepin : grand et élancé, incarnant une certaine élégance à la française, il cultive son image de sportif. Coureur de marathon, il a autant sa place sur les marches du festival de Cannes qu’à une réunion du G20 ou sur le perron de l’Elysée, du moins pour ce qui est du style…

 

A l’opposé, Nicolas Sarkozy, qui a souvent été caricaturé à propos de sa petite taille, des talonnettes et de ses tics gestuels. Critiqué pour avoir désacralisé la fonction, son style « bling bling » a créé la rupture mais dans le mauvais sens du terme. Cela étant dit, les Français en avaient assez du style énarque et de la technostructure, et le style « sarko » qui a par la suite beaucoup pénalisé le Président, fut un réel atout pour le candidat en 2007. Maintenant, il reste le fond, mais c’est une autre histoire.

 

 

La phrase de la semaine :

«La gouvernance économique de l’Europe doit être améliorée. Nos difficultés actuelles ont pour origine l’absence de coordination budgétaire et fiscale entre les états. Désormais nous avons le choix entre l’intégration et la désintégration » d’Edouard Balladur dans le Figaro