Nicolas Sarkozy : un Président en campagne…

 

Trois ans après l’élection, la présidence de Nicolas Sarkozy peut être découpée en plusieurs phases. La première phase a pris naissance au Fouquet’s le soir de l’élection lorsque le Président a été adoubé par ses pairs alors que ses supporters l’attendaient place de la Concorde. Départ en jet privé direction Malte pour un séjour sur le yacht de son ami Bolloré, médiatisation à outrance de sa vie privée, nous étions dans ce qu’on a communément appelé la période bling bling sur fond de roman photo people. Son mariage avec la chanteuse et ex top model Carla Bruni fut d’ailleurs le point d’orgue de cette période. Puis alors que la crise économique et financière commençait à sévir, Nicolas Sarkozy a mis de coté sa panoplie de jet setter pour endosser celle d’hyperprésident de l’Europe. Présent sur tous les fronts, dérapant régulièrement sous l’œil des caméras, Nicolas Sarkozy a vu sa cote de popularité tomber en flèche. Cerise sur le gâteau, la défaite de son camp aux élections européennes et surtout celle des régionales ont contribué à l’affaiblir davantage.

 

Troisième phase, alors que la zone euro traverse la crise la plus grave de son histoire, et que la France fait partie des pays très concernés par la dette, Nicolas Sarkozy est désormais plus en retrait. Il y a deux raisons majeures à cette nouvelle attitude. Tout d’abord, le président a tiré quelques leçons du passé et a compris (un peu tard…) qu’en étant toujours en première ligne, on prend logiquement tous les coups : de fait, le président se fait violence, laissant les ministres concernés par les dossiers monter au front. Ensuite, il est clair qu’il est déjà en campagne pour 2012. En effet, bien qu’ayant affirmé le mois dernier à Washington qu’il ne se déterminerait qu’ « à la fin de l’été ou au début de l’automne 2011 », il est désormais évident qu’il se représentera pour un 2ème mandat, comme l’ont d’ailleurs fait tous ses prédécesseurs sous la cinquième République.

 

Toutefois, la partie est loin d’être gagnée par Nicolas Sarkozy. En effet, alors qu’il avait annoncé une vraie rupture, les Français ont malheureusement dû se contenter de réformettes voire de reculades (taxe carbone, réforme des lycées…). Attaqué sur son style et sur sa personnalité, on lui reproche de désacraliser la fonction. Bref, à la liste de ses adversaires politiques s’ajoute un nouveau clan de taille : les déçus du sarkozysme. La rupture, ils en ont rêvé, Sarkozy ne l’a pas faite. Cependant, l’actuel Président pourra compter sur le fait qu’il n’y a pas de véritable alternative, tant en terme de personne que de programme, à droite… En effet, beaucoup de ses partisans pourraient voter pour lui par défaut, à moins qu’ils ne se décident pour un autre candidat de droite, ou qu’ils ne s’abstiennent. Le résultat de cette équation, plus incertain qu’il n’y parait, sera une des clés de l’élection de 2012. De plus, s’il comptait sur un retournement favorable de la conjoncture économique d’ici 2012, Nicolas Sarkozy risque d’être très déçu.

 

Enfin, il risque de devoir faire face à un adversaire beaucoup plus coriace que Ségolène Royal ou Martine Aubry en la personne de Dominique Strauss Kahn. D’après un récent sondage BVA pour Le Nouvel Observateur, le Directeur Général du FMI devancerait Martine Aubry dans la course pour les présidentielles 2012. Autant dire que Speedy Sarko n’a pas une minute à perdre…

 

 

La phrase de la semaine :

«Arrête donc de penser à 2012, bosse » de Nicolas Sarkozy aux membres du gouvernement qui lui parlent de l’élection