Frédéric Lefebvre lâché par son maître…

 

L’inénarrable Frédéric Lefebvre est un sarkoziste de la première heure, puisque sa rencontre avec le Président date de 1981 à l’occasion de la campagne présidentielle de Jacques Chirac… Assistant parlementaire de Nicolas Sarkozy de 1995 à 2002, il prend véritablement son envol après la nomination de ce dernier au poste de Ministre de l’Intérieur puis de Ministre de l’Economie. En effet, Frédéric Lefebvre est alors conseiller et chargé des relations avec le Parlement. Homme de lobbying, il participe activement à la mise en place des réseaux de Sarkozy en vue de l’élection présidentielle. Frédéric Lefebvre fait partie de ce qu’on appelle « la firme », c’est à dire le premier cercle du candidat Sarkozy, sa garde rapprochée, dont font notamment partie Laurent Solly, Franck Louvrier, Pierre Charron, ou Brice Hortefeux. De fait, la carrière de Frédéric Lefebvre semble toute tracée et un poste de Secrétaire d’Etat voire de Ministre en cas de victoire de son poulain parait évidente. Malheureusement, une pierre de taille nommée Cécilia vient se poser sur la route de ses ambitions.

 

En effet, lors de la séparation du couple Sarkozy en 2005, 2 clans se forment : d’un coté les membres de « la firme » qui ont définitivement tourné la page Cécilia, de l’autre, les fidèles comme Rachida Dati, qui restera en contact permanent avec elle, ou Claude Guéant. Seulement voilà, alors que Cécilia fait un retour en force avant l’élection présidentielle, les membres de la firme deviennent la cible de la première dame de France. Blacklistés, disgraciés, aucun d’entre eux ne sera au Fouquet’s le soir de l’élection et ils seront tous tenus à l’écart du gouvernement. Frédéric Lefebvre doit quant à lui se contenter d’un modeste poste de secrétaire national de l’UMP chargé de l’économie, des finances publiques et des nouvelles technologies. Suppléant d’André Santini, il parviendra toutefois à devenir député lorsque ce dernier sera nommé Secrétariat d’Etat à la Fonction Publique du 2ème gouvernement Fillon. Son mandat sera malheureusement de courte durée puisque le 23 juin 2009, André Santini est écarté du gouvernement lors du remaniement ministériel.

 

Entre-temps, Frédéric Lefebvre est devenu porte parole de l’UMP et, à l’image de son maître, il est omniprésent dans les médias. Son style cassant, son agressivité ainsi que ses provocations à répétition sont ses marques de fabrique. Il s’est notamment distingué en défendant en février 2009 la proposition d’Eric Besson de régulariser les immigrés clandestins qui dénonceraient les « passeurs », et en déclarant que « la dénonciation est un devoir républicain ». Il a également fait couler beaucoup d’encre en évoquant à plusieurs reprises la possibilité de faire travailler de leur domicile les personnes en arrêt maladie. Celui qui a également déclaré que Ségolène Royal avait besoin d’une « aide psychologique » semble complètement incontrôlable. Cantonné dans le rôle de l’éternel porte flingue de Nicolas Sarkozy, il aboie régulièrement et mord souvent.

 

Alors que depuis le divorce présidentiel, les membres de la firme sont de nouveau aux affaires, Frédéric Lefebvre compte activement sur ces derniers pour lui permettre enfin d’accéder au gouvernement. Cependant, le récent remaniement prouve que Nicolas Sarkozy n’est pas encore prêt à le faire rentrer au gouvernement. A l’agressivité s’ajoute donc désormais la frustration, car Frédéric Lefebvre, qui estime avoir tout sacrifié pour que son mentor soit Président, ne se remet pas d’être encore écarté du pouvoir et semble même exprimer des regrets. Cependant, nul besoin d’être politologue ou expert en communication pour comprendre que Nicolas Sarkozy, qui est déjà suffisamment attaqué sur sa personnalité, n’a pas besoin d’une telle personnalité au gouvernement. Ainsi, paradoxalement, Lefebvre, l’homme les réseaux et des lobbies, ne parvient pas à activer ces derniers pour parvenir à ses fins personnelles. Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés…

 

La phrase de la semaine :

«La république ne doit pas être soumise aux calculs politiciens et aux arrières pensées » de Dominique de Villepin dans Le Figaro

 Jérôme Boué