Jean-Marie Le Pen, qui avait l’habitude de tirer à boulets rouges sur ses adversaires politiques, tire aujourd’hui sa révérence. Agé de 82 ans et Président du Front National depuis 1972, celui qui fut élu sous la quatrième république est de loin le doyen de la classe politique actuelle. Dans la faune très particulière des homo politicus, il fait donc figure de dinosaure ou plus précisément de « tyrannosaure ».
Populiste, ultra nationaliste, xénophobe, raciste, démagogue, la liste des qualificatifs pour décrire le « belzebuth » de la scène politique est éloquente. Il est vrai que le chômage, l’immigration et l’insécurité constituaient son fond de commerce et que la provocation fut son principal mode opératoire… Mettant son intelligence et son éloquence au service de ses idées, l’homme a longtemps été considéré comme dangereux pour notre démocratie. Très souvent servi par les circonstances, Le Pen rallia non seulement les extrémistes nationalistes mais surtout les mécontents qui s’illustraient par un vote protestataire.
Son heure de gloire fut indubitablement le soir du 21 avril 2002, date à laquelle il se qualifia pour le second tour des élections présidentielles, contraignant par la même occasion Lionel Jospin a quitter la vie politique. Au second tour, la majorité des électeurs faisant bloc pour protéger la démocratie, Jacques Chirac rafla la mise avec un score de république bananière. Jean Marie Le Pen se jeta pourtant se toutes ses forces dans la bataille, ratissant à gauche comme à droite tout en courtisant le monde ouvrier « les petits, les métalos, les sans grade », comme il les appelait. Le leader du Front National rassembla tout de même près de 5 500 000 voix soit environ 18% des suffrages exprimés…
Sa qualification pour le second tour ainsi que le score honorable qu’il réalisa traduisent à eux seuls le malaise qui régnait à l’époque sur notre pays, tel un baromètre mesurant les peurs et les frustrations de nos concitoyens. Mais ce fut également le début de la fin pour Jean Marie le Pen qui perdit progressivement de sa verve et de son mordant, ses deux principales marques de fabrique. Gladiateur acharné dans l’arène électorale, il persista toutefois dans son combat, mais la présidentielle de 2007 fut indéniablement le combat de trop. Usé et vieilli, il n’était plus que l’ombre de lui même. De plus, la stratégie électorale mise au point par Patrick Buisson permit à Nicolas Sarkozy de siphonner les électeurs du Front National et sonna le glas de la carrière politique de Jean Marie le Pen. Désargenté et réduit à la mendicité cathodique, il dut même vendre le « paquebot » – le siège du Front National – afin de renflouer des caisses vides.
Si le chômage, l’insécurité et les difficultés actuelles de la zone euro semblent servir l’idéologie FN, l’avenir du parti s’annonce toutefois plutôt sombre. En effet alors que Nicolas Sarkozy chasse toujours sur les terres du FN, il y a fort à parier que le départ de Jean Marie le Pen finira d’affaiblir un parti déjà moribond.
La phrase de la semaine :
«Guéant ? Même pas en rêve ! Pas question pour moi d’avoir un caillou dans la chaussure, un emmerdeur au gouvernement» de François Fillon à propos de Claude Guéant donné partant par Le Figaro et Le Monde pour le ministère de l’Intérieur ou celui des Affaires Etrangères.