Etats-Unis : la croissance accélère et l’inflation reste sage.

 

C’est bien un scénario idéal que connaît aujourd’hui l’économie américaine : la croissance s’intensifie mais l’inflation ne dérape pas. Cette situation tranche effectivement avec les prévisions consensuelles qui se sont succédé depuis plus d’un an. D’abord, le consensus tablait sur une récession de plusieurs années. Ensuite, face au rebond de l’économie américaine dès l’été 2009, il s’est mis à annoncer un W, c’est-à-dire une rechute au moins aussi grave que la baisse d’activité née de la crise financière de l’automne 2008. Enfin, devant le prolongement et surtout l’accélération de la croissance fin 2009, le consensus a annoncé le retour imminent de la forte inflation. Mais, non. Tous ces prévisionnistes bien pensants qui n’ont cessé d’annoncer le pire pour l’économie américaine depuis deux ans se sont à chaque fois trompés.

Les statistiques des ventes au détail et des prix à la consommation de mars viennent une nouvelle fois de le confirmer. Ainsi, après déjà un an de rattrapage, dont six mois de fort rebond, les ventes au détail ont encore flambé de 1,6 % en mars. Leur glissement annuel atteint désormais + 7,6 % (en données CVS), un plus haut depuis janvier 2006. Comme le montre le graphique ci-dessus, un tel niveau indique que la consommation des ménages au sens des comptes nationaux devrait progresser d’au moins 4 % sur un an d’ici l’été prochain.

D’ailleurs, dès le premier trimestre 2010, les ventes au détail affichent une variation annualisée de 8,3 %. Dans la mesure où les prix n’ont augmenté que de 1,5 % en rythme annualisé sur la même période, cela signifie donc que la progression annualisée de la consommation des ménages pourrait avoisiner les 7 % au premier trimestre. De quoi confirmer qu’après déjà deux trimestres très favorables, le PIB américain pourrait croître d’au moins 3 % au premier trimestre 2010. En outre, si le secteur automobile continue de tirer la consommation vers le haut, il faut aussi noter que les ventes au détail hors automobile continuent de progresser fortement : + 0,6 % en mars, après + 1 % en février, soit un glissement annuel de + 6,4 %, un plus haut depuis juillet 2006.

Plus globalement, l’accélération de la consommation confirme qu’après avoir profité des perfusions publiques, la croissance est bien en train de devenir autonome. Et ce, d’autant que l’amélioration de l’emploi va continuer de soutenir les dépenses des ménages.

Mieux, s’il était possible de craindre que la relance budgétaire génère une flambée inflationniste, il n’en est rien. En mars, les prix à la consommation n’ont augmenté que de 0,1 % soit un glissement annuel de 2,3 % sur un an. Hors énergie et produits alimentaires, l’inflation est même encore plus sage puisqu’elle n’était que de 1,1 % en mars (en glissement annuel), contre 1,3 % en février. Autrement dit, si la Fed doit forcément augmenter ses taux directeurs pour accompagner la reprise économique, elle pourra le faire en douceur, de manière à pérenniser cette dernière.

Les résultats de l’économie américaine pour 2010 devraient donc être les suivants : une croissance économique supérieure à 3 %, une inflation inférieure à 2,5 % et un taux de chômage sous les 9 % à partir de l’automne prochain. Pas mal pour une économie en déclin…

Marc Touati