A force de tirer sur la corde, elle finit par casser. Telle pourrait être la leçon à tirer de la nouvelle baisse de la consommation des ménages en février 2010. En effet, après avoir soutenu à bout de bras la croissance française pendant la crise et plus globalement depuis plus de dix ans, la consommation commence à lâcher prise.
Ainsi, après avoir déjà baissé de 2,5 % en janvier, celle-ci recule encore de 1,2 % en février. Certes, dans la mesure où la consommation avait baissé de 1,3 % en février 2009, son glissement annuel gagne un point à + 1,6 %. Il s’agit néanmoins là d’une piètre consolation, surtout si l’on se souvient qu’il y a tout juste deux mois, ce glissement annuel atteignait + 5,6 %. Que s’est-il donc passé en si peu de temps ? C’est malheureusement simple : la fin de la prime à la casse. En effet, après avoir déjà chuté de 16,4 % en janvier, la consommation automobile a encore reculé de 1,5 % en février. Et même si l’Etat et les concessionnaires continuent de subventionner une partie des achats de voiture, le ressort semble désormais cassé. Cette « histoire » n’est d’ailleurs pas nouvelle. Elle a déjà été observée lors des précédentes primes à la casse. Ainsi, après avoir flambé de 14,3 % en moyenne sur l’année 1996 grâce aux « Jupettes », la consommation automobile a plongé de 13,7 % en 1997. Autrement dit, après avoir fait les beaux jours de la consommation en 2009, l’automobile devrait la tirer vers le bas en 2010.
Nous retrouvons là le « syndrome du pouf » : lorsque l’économie française tombe, le choc est amorti par un pouf constitué de diverses perfusions publiques. En revanche, une fois installé dans le pouf, il devient plus difficile de se relever. C’est pourquoi, après avoir été masquée en 2009 par divers artifices et soutiens publics, la réalité de l’économie française va vraiment se faire jour en 2010.
La baisse de 5,4 % de la consommation en textile-cuir en février montre d’ailleurs que dès que les soldes sont terminés, la morosité revient au galop. Et ceci est d’autant plus fâcheux que les soldes 2009-2010 n’ont pas été exceptionnels. Autant dire que le début d’année a été très difficile pour les commerçants et distributeurs de textile-cuir, qui, non seulement n’ont pas été très gâtés par les soldes d’hiver et qui, en plus, subissent une désaffection conséquente dès le mois de février.
Certes, compte tenu d’un taux d’épargne de 17 %, les ménages continueront de puiser dans leur bas de laine pour continuer de consommer. En d’autres termes, la consommation ne s’écroulera pas en 2010. En revanche, elle restera très fragile. Elle devrait progresser d’au mieux 1,5 % en moyenne sur l’année, permettant au PIB de réaliser une performance identique. Ce ne sera donc pas catastrophique, mais pas formidable non plus. C’est d’ailleurs là la véritable image de l’économie française : une croissance durablement molle, sous perfusion permanente, avec un déficit public abyssal et une dette publique colossale. Et comme l’a indiqué le Président de la République, tout sera fait pour que cet état soit maintenu jusqu’en 2012. En espérant que, d’ici là, les agences de notation ne dégradent pas la note de la dette publique française…
Marc Touati