Adieu veaux, vaches, régions

   En remportant 24 régions sur 26, la gauche réitère donc le tsunami politique de 2004. Quand bien même cette vague rose était prévisible, le choc est extrêmement rude à droite. D’ailleurs, les ministres de Nicolas Sarkozy dépêchés sur les plateaux de télévision ont vécu un véritable supplice tant ils étaient à cours d’arguments face à l’ampleur des dégâts. Ainsi, le pauvre Xavier Bertrand qui avait l’œil aussi vif qu’un bovin qu’on mène à l’abattoir, avançait tout de même que le grand chelem tant annoncé à gauche n’avait finalement pas eu lieu et que la priorité était désormais la sortie de crise. Quant à Christine Lagarde, elle s’est essayée, à la démonstration logico mathématique, affirmant que depuis la création des élections régionales, le parti politique au pouvoir avait systématiquement été défait. La ministre de l’économie a même réussi à faire du triomphalisme un soir de débâcle puisque selon elle, face à la crise actuelle, la France est le pays qui sort en tête de l’Europe… Comprenne qui pourra !

 

La réalité est évidement tout autre puisque la droite n’a su ni convaincre ni mobiliser les abstentionnistes afin d’endiguer la vague rose. Qui plus est, des bastions sont tombés, à l’image de la Corse qui était à droite depuis 1984 et qui avait voté à plus de 60% pour Nicolas Sarkozy en 2007. Tout un symbole ! Parallèlement, le débat sur l’identité nationale et le virage sécuritaire du gouvernement ont eu un effet boomerang pour l’UMP, puisqu’ils ont plutôt bénéficié au Front National qui a retrouvé une partie de ses électeurs perdus en 2007. En effet, par rapport à 2004, ce dernier a progressé de 2 à 4 points dans les 12 régions dans lesquelles il était présent.

 

Le tsunami à gauche reflète clairement un vote sanction face à la politique actuelle de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Contrairement à ce qu’on a beaucoup entendu à droite, la crise n’est pas responsable de la défaite du camp présidentiel puisqu’il faut rappeler qu’en 2004, la bérézina était tout aussi importante. A noter également le score des Verts qui transforment l’essai des européennes et qui constituent désormais une force incontournable dans le paysage politique français.

 

Face au message extrêmement clair envoyé par les Français, la droite comme la gauche doivent désormais assurer leurs responsabilités. Le pays a maintenant besoin d’un véritable électro choc pour répondre aux défis de l’emploi, des déficits et des retraites. La droite saura t elle le créer, au-delà du mini remaniement « technique » annoncé ? A gauche, le Parti Socialiste doit, plus que jamais, se refonder et élaborer un vrai programme alternatif à la politique actuelle. Alors que la droite a un genou à terre, la gauche a tout intérêt à ne pas dilapider son capital confiance dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. En est-elle capable ? Rien n’est moins sûr, car remporter même haut la main les élections régionales n’est pas un gage de succès national, mais ne fait qu’accroître les attentes et les espérances des Français. Rappelons que la vague rose des régionales de 2004 n’avait pas empêché Nicolas Sarkozy de remporter les élections présidentielles de 2007. A bon entendeur…

 

 

La phrase de la semaine :

«L’hyper-président ne peut que passer pour hyper-responsable. Le premier consul est le seul à pouvoir rebâtir ce qu’il vient de détruire» de Alain Duhamel (Liberation 23.03.)

 rôme Boué