Industrie française : en hausse mais toujours fragile…


C’est certainement la meilleure nouvelle statistique depuis le début 2010 dans l’Hexagone. En effet, après l’écroulement de la consommation en janvier, puis la baisse du climat des affaires dans l’industrie et les services, l’INSEE fait état d’une augmentation de 1,6 % de la production industrielle en janvier. La baisse de 0,2 % de décembre est donc largement effacée. Si bien que, par rapport à son niveau moyen du quatrième trimestre 2010, la production affiche une hausse de 1,7 %. Ce qui, même si une correction baissière s’observe en février, est de bon augure pour le PIB du premier trimestre. Mieux, compte tenu de l’écroulement de la production industrielle en janvier 2009, le glissement annuel de cette dernière atteint 3,5 %, un plus haut depuis décembre 2000.

Tout pourrait donc aller au mieux dans le meilleur des mondes. Mais, malheureusement, ces bonnes nouvelles doivent être relativisées. En effet, une fois encore, la production industrielle demeure largement influencée par la production automobile qui, après avoir baissé de 2,7 % en décembre a rebondi de 3,1 % en janvier. En dépit d’une légère baisse, son glissement annuel demeure exceptionnellement élevé à 33,8 %. Le prolongement par les concessionnaires de la prime à la casse (dont le montant a été généralement maintenu malgré la baisse de la subvention publique) joue donc à plein et permet d’éviter une correction abrupte des ventes et de la production d’automobiles. Cependant, la fin inévitable de cette mesure finira par susciter une forte correction baissière de la production dans ce secteur et donc dans l’ensemble de l’industrie.

De plus, en dehors du secteur des matériels de transport et de l’énergie (dont la production a flambé de 6,8 % et de 6,9 % en janvier, tirée essentiellement par la rigueur détonante de l’hiver), tous les secteurs affichent une nette baisse de leur production en janvier.

En outre, en dépit de la remontée de janvier, le niveau de la production industrielle globale reste encore extrêmement faible et inférieur de 13,3 % à celui qui prévalait en avril 2008. Autrement dit, l’industrie française est bien sortie de la récession mais est toujours très loin d’avoir rattrapé le retard accumulé en 2008-2009.

Enfin, les dernières enquêtes de l’INSEE dans l’industrie indiquent que cette dernière est déjà en train de ralentir, ce qui montre bien sa fragilité durable et son exposition à la rechute en cas de remontée de l’euro et/ou des taux d’intérêt. La prudence doit donc rester de mise. Pour le moment, les évolutions observées depuis le début 2010 ne font que conforter notre prévision d’une progression annuelle moyenne du PIB français d’environ 1,5 % en 2010. De quoi confirmer la sortie de crise, mais certainement pas le retour de la croissance forte.

 

                                                                                                                                              Marc Touati