Bayrou, Royal : out pour 2012 ?

Il est bien loin le temps où François Bayrou, fort de ses 18,5% au 1er tour des Présidentielles 2007, apparaissait comme un faiseur de rois. Courtisé selon ses dires par Nicolas Sarkozy, approché par Ségolène Royal, l’homme était alors en apesanteur, pensant tenir entre ses mains le destin de la France. Celui qui s’était senti pousser des ailes, après avoir plané pendant quelques temps, est désormais proche de la chute libre. N’occupant plus le terrain politique et médiatique, sans contre projet, il n’apparaît plus comme un recours face à Nicolas Sarkozy. Sa seule chance d’être Président de la République semble désormais derrière lui. En effet, s’il avait devancé Ségolène Royal au 1er tour en 2007, il aurait pu rallier derrière lui les anti-sarkozystes à droite, les centristes ainsi qu’une partie de l’électorat socialiste, représentant ainsi un sérieux danger pour le candidat UMP. Le score anecdotique qu’il va probablement réaliser aux élections régionales ne sera qu’un signe supplémentaire de sa progressive éviction de l’échiquier politique.

 

Cependant, à l’instar de Dominique de Villepin, il disposera d’un pouvoir de nuisance certes limité mais pouvant contribuer à grignoter des voix à Nicolas Sarkozy. En effet, il ne faudrait pas pour l’actuel Président, que les candidatures se multiplient à droite et au centre au 1er tour, au risque d’un affaiblissement qui pourrait être dangereux. Toutefois, même dans le pire des scénarii, il y a relativement peu de chances que Nicolas Sarkozy ne soit pas présent au 2° tour. Mais rappelons-nous Jospin…

 

Ségolène Royal quant à elle, est bien loin de l’attitude triomphante qu’elle s’efforçait d’afficher le soir de sa défaite en mai 2007. Combattive et enthousiaste, elle avait l’entrain du vainqueur. Mais c’est bien là le problème de l’ex candidate, tout est dans l’image et dans le packaging. « Faire de la politique autrement », théâtraliser ses apparitions, et privilégier la forme au détriment du fond est une stratégie qui atteint très vite ses limites. Celle que les « éléphants » du Parti Socialiste ont toujours considéré comme une usurpatrice est désormais à bout de souffle. Il semble en effet à ce jour que la partie se jouera entre Martine Aubry et Dominique Strauss Kahn. L’actuelle première secrétaire du Parti Socialiste, tout d’abord, incarne la rigueur et l’orthodoxie socialiste là où Ségolène Royal s’écarte des sentiers battus du socialisme pour tracer son propre sillon. On se rappelle de l’erreur de Lionel Jospin qui avait qualifié son programme de 2002 de non socialiste.

 

Quant à la candidature de Dominique Strauss Kahn, elle apparaît de plus en plus probable. Ce dernier prend en effet de la hauteur au FMI puisqu’il sort de l’arène politique et échappe ainsi aux querelles partisanes. Ses compétences en économie sont indéniables et transcendent les clivages politiques. Il apparaît ainsi comme un recours pour la gauche en panne d’idéologie, de projet de société et surtout d’un leader d’envergure capable de gagner la bataille électorale face à Nicolas Sarkozy en 2012. Dominique Strauss Kahn a toutes les cartes en main, encore faudrait il que le contexte historique lui donne l’occasion de les abattre.

 

La phrase de la semaine :

«Elle est blonde et je suis brune. Elle est de droite et je suis de gauche. Mais on a un point commun : c’est qu’on a toutes les deux des problèmes avec Sarkozy.» de Martine Aubry à propos de la comparaison souvent faite entre elle et Angela Merkel.

rôme Boué