Production industrielle française : attention fragile !

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Telle pourrait être la devise de la production industrielle française au cours des derniers mois. En effet, après une hausse initialement estimée de 1,1 % en novembre, certains, et notamment le gouvernement et la Banque de France, s’étaient mis à rêver à une forte croissance du PIB pour le quatrième trimestre. Malheureusement, il n’en sera rien.

Ainsi, non seulement la progression de novembre a été révisée en forte baisse (elle n’est désormais plus que de 0,6 %), mais surtout, la production a repris le chemin de la régression en décembre, avec un repli de 0,1 % pour l’ensemble de l’industrie et de 0,8 % pour le secteur manufacturier. Conséquence logique de ces piètres performances, tant la production industrielle que manufacturière ont réalisé une augmentation de seulement 0,1 % sur l’ensemble du quatrième trimestre 2009.

Ce résultat tranche évidemment avec la flambée de 3 % de la consommation en produits manufacturés au cours du même trimestre. Mais cela rappelle simplement qu’une grande partie du dynamisme de la consommation française est structurellement absorbé par les importations et n’a donc que faiblement profité à l’économie et à l’emploi dans l’Hexagone.

Dans ce cadre, il est à craindre que la progression du PIB du quatrième trimestre, qui sera connue vendredi 12 février, soit plutôt décevante. Car même si l’industrie ne représente que 25 % de l’économie française, l’évolution de la production industrielle est généralement proche de celle du PIB. Autrement dit, sauf miracle statistique dont l’INSEE nous gratifie parfois, la croissance du PIB hexagonal au quatrième trimestre devrait avoisiner les 0,2 %.

Pour conclure sur le bilan annuel de la production industrielle, la sanction est sévère, puisque cette dernière a chuté de 11,9 % en moyenne sur l’année 2009, ce qui constitue une chute historique jamais réalisée depuis que cette statistique existe en France. Résultat d’autant plus triste que la production industrielle avait déjà baissé de 2,4 % en 2008.

A titre de comparaison avec la récession de 1993-94, la production avait reculé de 1,9 % en 1993 et de 4,1 % en 1994. La seule « bonne nouvelle » de ce triste constat réside dans le fait que, vu l’ampleur de l’écroulement de 2008-2009, la production industrielle française dispose d’un fort potentiel de rebond. Encore ne faudra-t-il pas le gâcher avec un euro trop fort, des taux d’intérêt trop élevés ou des mouvements sociaux durables.

 

Marc Touati