Un jour, je serai Président

Beaucoup en ont rêvé, peu y sont parvenus. Le poste de Président de la République demeure le but ultime de la grande majorité de notre classe politique. Cette quête parfois obsessionnelle, souvent dévastatrice tant elle demande d’engagements et de sacrifices, revêt paradoxalement un caractère bien souvent inavoué, surtout lorsque la question d’un deuxième mandat est posée. Mais soyons sérieux, même si pour des raisons stratégiques évidentes, nos chers présidents laissent planer un suspense cousu de fil blanc, aucun d’entre eux sous la cinquième république n’a résisté à la tentation de se présenter pour un nouveau mandat.

 

Le chemin de la présidence est long et escarpé, à l’image du parcours de François Mitterrand ou de Jacques Chirac qui parvinrent à leurs fins après deux tentatives malheureuses. Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy font exception à la règle, puisque leur élection immédiate fut liée à un contexte très particulier: décès de Georges Pompidou pour l’un, relève de génération pour l’autre.

 

Une vie politique est bien souvent semée d’embûches, entre les affaires et les aléas électoraux d’un pays qui raffole de l’alternance. De fait, la « tentation de Venise » comme l’a appelée Alain Juppé, en a frappé plus d’un. On se souvient de Jacques Chirac abattu par sa défaite en 1988 mettant plusieurs mois avant de se remettre en selle, face à son propre camp qui ne croyait plus en lui. Ce fut également le cas de Nicolas Sarkozy très tenté de rejoindre « la société civile » au plus fort de se traversée du désert entre 1995 et 2002. Cependant, tous savent que ce qui les a écartés du pouvoir peut les y reconduire, à savoir le contexte politico-économique ou les évolutions sociales.

 

Ainsi, la plupart ne pensent qu’à cela, et pas seulement en se rasant. Le passé l’a d’ailleurs montré, quand en 1994, Jacques Delors renonça à se présenter: une myriade d’ambitions personnelles se révélèrent à gauche pour la succession de François Mitterrand. Ce fut également le cas à droite en 1989, lorsque les fameux rénovateurs apparurent, bien décidés à pousser gentiment Jacques Chirac vers la sortie pour prendre sa place.

 

N’ayant vécu que pour cela pendant 30 ans, Nicolas Sarkozy est parfaitement au fait des stratégies personnelles de ses concurrents potentiels. C’est pourquoi il œuvra pour la nomination de Dominique Strauss Kahn à la tête du FMI. D’ailleurs, la récente proposition faite à Alain Juppé de devenir le président de la Cour des Comptes s’inscrit dans la même lignée. Ce dernier aurait il décliné un poste aussi prestigieux uniquement pour conserver son mandat à Bordeaux?… Suivez mon regard.

 

La phrase de la semaine :

« C’est comme les cygnes. On est calme et serein à la surface mais on pédale comme des malades sous l’eau » de Michelle Obama expliquant qu’elle a toujours l’air calme en public.

 

rôme Boué