Production industrielle française : le rebond et après ?

Enfin une bonne nouvelle sur le front de la statistique française ! Ainsi, après la baisse du moral des chefs d’entreprise et des particuliers en décembre, puis le nouveau creusement du déficit extérieur, la production industrielle hexagonale relève le niveau, en progressant de 1,1 % en novembre. Mieux, les principaux secteurs d’activité enregistrent une nette hausse de leur production en novembre.

A commencer par les biens de consommation (+ 1,2 %) et les biens d’investissement (+ 2,4 %). En fait, ce sont les activités agricoles, alimentaires et énergétiques, ainsi que la construction qui reculent, confirmant que la reprise industrielle est loin d’être généralisée.

En outre et surtout, le rebond de la production totale en novembre constitue principalement une correction de la baisse des deux mois précédents, en l’occurrence -1,2 % en septembre et – 0,6 % en octobre. Autrement dit, sur octobre-novembre, la production industrielle n’a progressé que de 0,1 % par rapport au troisième trimestre 2009.

Cela signifie donc que même si la production se stabilise en décembre, sa variation sur l’ensemble du quatrième trimestre, restera proche de zéro, laissant donc augurer une progression du PIB similaire sur la même période.

Pis, la baisse des perspectives de production de l’enquête INSEE dans l’industrie de décembre indique que cette dernière a vraisemblablement mangé son pain blanc au second semestre, en particulier grâce aux primes automobiles du gouvernement, mais pourrait nettement décélérer début 2010.

C’est d’ailleurs ici que réside le challenge principal de l’économie française pour 2010 : après avoir résisté tant bien que mal en 2009 grâce à pléthore de perfusions publiques, réussira-t-elle à s’installer sur le chemin de la croissance, une fois que ces perfusions seront enlevées ? La réponse est malheureusement négative.

Voilà pourquoi, pour éviter tout dérapage social, le déficit public continuera de se creuser pour maintenir la France au-dessus de l’eau. Dans ce cadre, sa croissance devrait avoisiner les 1,5 % en 2010, mais au prix d’un déficit public de 8 % du PIB (après déjà 9 % en 2009) et d’une dette publique de plus de 80 %. Tant que les agences de notation ferment les yeux, pourquoi s’en priver ?

 

Marc Touati