Le déficit extérieur n’a pas dit son dernier mot.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Après un plancher de 1,3 milliard d’euros en juillet (qui constituait un point bas depuis juin 2005), le déficit extérieur français n’a cessé de se creuser pour atteindre en novembre un sommet annuel de 5,3 milliards d’euros. Il s’agit là de la sixième plus mauvaise performance historique du commerce extérieur français, le pic ayant été atteint en octobre 2008, avec 6,16 milliards d’euros.

Sur les douze derniers mois, le déficit extérieur français atteint ainsi 41,123 milliards d’euros. Si le record annuel des 55,415 enregistré en 2008 ne sera pas battu, il est d’ores et déjà acquis que 2009 constituera la deuxième plus mauvaise année historique du commerce extérieur hexagonal.

Ce nouveau dérapage confirme deux points essentiels et structurels de l’économie française. D’une part, la spécialisation sectorielle et géographique des exportations françaises est inadaptée, c’est-à-dire trop tournée vers l’Europe (qui est le parent pauvre structurel de la croissance mondiale) et insuffisamment consacrée aux biens d’équipements et de haute technologie.

Et cette situation ne devrait pas s’arranger. Car, compte tenu du niveau excessif de l’euro/dollar, certaines entreprises, notamment dans la high tech, sont incitées à délocaliser leur production, augmentant donc leurs ventes à l’étranger, mais sans pour autant accroître les exportations françaises. Pis, à présent que le Président français leur donne son blanc seing, cette tendance devrait s’intensifier.

D’autre part, le nouveau creusement du déficit extérieur au second semestre 2009 confirme que la bonne résistance de la consommation française profite avant tout à nos partenaires commerciaux au travers d’une forte hausse de nos importations. Ainsi, après avoir déjà augmenté de 1,6 % en septembre, puis de 2,3 % en octobre, ces dernières ont flambé de 4,6 % en novembre. Avec un niveau de 34,2 milliards, elles atteignent désormais un plus haut depuis novembre 2008.

En termes de contribution à la croissance du PIB, cela signifie donc qu’une large part de la bonne tenue de la consommation est absorbée par l’augmentation des importations.

De ce point de vue, les comptes nationaux du quatrième trimestre 2009 s’annoncent difficiles. En effet, au troisième trimestre 2009, la baisse du déficit extérieur avait permis de soutenir la croissance, lui apportant 0,3 point. Autrement dit, sans le commerce extérieur, la croissance française aurait été nulle au troisième trimestre.

Or, pour le quatrième trimestre, le déficit extérieur devrait quasiment doubler par rapport au troisième trimestre. Dès lors, sa contribution à la croissance devrait être largement négative. Ce qui laisse imaginer qu’en dépit de la bonne résistance de la consommation, la progression du PIB devrait avoisiner le zéro pointé au quatrième trimestre.

Marc Touati