Le grand thème de discussion des soirées parisiennes tourne autour du montant du « Grand Emprunt » 20,50 ou 100 milliards d’euros ? L’Elysée a indiqué récemment qu’il devrait plutôt se situer dans la fourchette 25-50 milliards et Alain Juppé parle de 35 milliards.
Le premier point à souligner, c’est que cet emprunt quel que soit son montant, va augmenter l’endettement de
En fait, la bonne réponse est la suivante : le taux d’endettement implique des charges financières annuelles, sous la forme d’intérêts et de remboursement du principal, qui doivent pouvoir être garanties par des ressources suffisantes, provenant soit des recettes fiscales de l’Etat, soit de la vente d’actifs détenus par l’Etat. Autrement dit, il serait utile de disposer d’un autre chiffre, qui est rarement évoqué, à savoir l’endettement net de
L’autre contrepartie, les recettes fiscales, mérite un point d’explication. Elles peuvent provenir, d’une part, de nouveaux impôts (c’est une mauvaise solution, car elle aboutirait à une diminution du pouvoir d’achat net des citoyens français et donc de la consommation future) et, d’autre part, d’un supplément de croissance créé par l’investissement productif, financé par l’endettement. En effet les profits supplémentaires qui en découlent engendrent des recettes fiscales additionnelles, qui servent, en partie, à assurer la charge financière des emprunts de l’Etat.
Et on en arrive donc au point essentiel : l’endettement supplémentaire doit servir à financer des investissements productifs et non pas des dépenses de fonctionnement. Rappelons, pour illustrer ce point, que la somme des aides publiques versées aux entreprises depuis 5 ans a dépassé 65 milliards, sans que ces dépenses aient entraîné une croissance supérieure à la moyenne de l’économie française, dont la compétitivité n’a pas été améliorée, malgré ces montants considérables.
Par conséquent, avant de fixer le montant du « Grand Emprunt », il faut commencer par identifier les secteurs et les projets prioritaires, et par estimer l’ajout de croissance que ceux-ci amèneront. C’est une démarche similaire à celle d’une entreprise, qui emprunterait pour financer son développement, et présenterait à son banquier un échéancier, qui prévoit les rentrées d’argent subséquentes que lui apporteront ces nouveaux projets : le banquier n’acceptera de financer que si les « cash flows »futurs sont suffisants. Certes l’exercice est plus difficile pour un Etat, compte-tenu des incertitudes inhérentes à la macro-économie, mais cela vaut la peine au moins d’essayer. Il sera ensuite plus facile d’arriver à un montant « optimal ».
Quant à l’endettement total de
Bernard MAROIS
Professeur Emérite
Président du Club Finance