Et de quatre ! A l’instar de son homologue eurolandais mais dès le premier trimestre 2009, le PIB américain vient d’enregistrer son quatrième trimestre consécutif de baisse. C’est donc la première fois depuis l’après-guerre qu’une telle succession est observée aux Etats-Unis. Conséquence logique de ce funeste record, le glissement annuel du PIB atteint – 3,9 %, là aussi du jamais vu depuis l’après-guerre.
Mais au-delà de ces résultats tristement historiques, les comptes nationaux du deuxième trimestre montrent également que l’économie américaine a réussi à stopper l’hémorragie engendrée par la crise financière, préparant le terrain à une augmentation du PIB dès le troisième trimestre 2009.
En effet, après trois trimestres de forte baisse (- 2,7 % en rythme annualisé au troisième trimestre 2008, – 5,4 % au quatrième et – 6,4 % au premier de 2009), le PIB n’a reculé que de 1 % au deuxième trimestre, soit une baisse de 0,27 % en rythme trimestriel. Si la baisse est donc toujours présente, nous restons très loin de l’écroulement fort et durable tant annoncé ici ou là.
D’ailleurs, hors stocks, le PIB n’a reculé que de 0,1 % sur le trimestre, montrant que le potentiel de croissance qui sera apporté par la décélération puis l’arrêt du déstockage au cours des prochains trimestres reste conséquent.
De même, si la consommation des ménages a repris le chemin de la baisse (-1,2 % en rythme annualisé après une augmentation de 0,6 % au premier trimestre), ce n’est qu’à partir de juin et surtout des prochains mois qu’elle va bénéficier des impacts positifs des cadeaux fiscaux du plan Obama.
Plus globalement, ce dernier ne va commencer à agir sur l’activité américaine au sens large qu’à partir du troisième trimestre.
Le fort ralentissement de la baisse de l’investissement des entreprises observé au deuxième trimestre (- 8,9 % contre – 39 % au premier trimestre) montre d’ailleurs que le plus dur est passé sur le front du désinvestissement.
A présent que le plan Obama se met en place, que les carnets de commandes de biens d’équipement hors militaires se redressent et que les entreprises retrouvent une certaine dose d’optimisme, l’investissement productif devrait retrouver le chemin de la hausse à partir du troisième trimestre 2009.
En outre, si le commerce extérieur a continué de contribuer positivement à la croissance (lui apportant 1,6 point en rythme annualisé), le nouvel accès de faiblesse du dollar et le rebond des économies émergentes constituent des soutiens de poids pour permettre de maintenir une telle contribution positive.
Enfin, l’augmentation de 5,6 % des dépenses publiques au deuxième trimestre devrait être renforcée dans les prochains trimestres et jusqu’en 2010, puisque le gros du plan de relance sera mené au second semestre 2009 et l’an prochain.
Autrement dit, l’économie américaine a bien touché le fond au printemps dernier et commence à sortir de l’ornière progressivement pour retrouver une variation positive de son PIB dès le troisième trimestre 2009.
En fait, tous les ingrédients du rebond sont en train de se mettre en place : relance budgétaire, consommation, investissement, restockage et réduction du déficit extérieur. Il suffit simplement de ne pas être trop pressé et de ne pas oublier que les relances budgétaires et monétaires mettent toujours au moins six mois avant d’agir sur l’activité. Tout vient à point à qui sait attendre…
Dans ce cadre, après avoir atteint un plus bas historique à – 3,9 % au deuxième trimestre 2009, le glissement annuel du PIB américain pourrait bien finir l’année à + 0,2 % et atteindre + 3 % dès le deuxième trimestre 2010. Ainsi, après avoir reculé de 2,3 % sur l’ensemble de l’année 2009, le PIB de l’Oncle Sam devrait progresse de 2,7 % en 2010.
Marc Touati