A la recherche du leader rose

La gauche disposait en la personne de François Mitterrand d’un stratège politique hors norme que certains n’hésitaient pas perfidement à traiter de machiavélique. Après avoir perdu l’élection présidentielle de 1974 de 425 000 voix et malgré le choc de la défaite, il resta convaincu que l’alternance était possible sous la Vème République. Il finit par l’emporter en 1981 face à un Valery Giscard d’Estaing trop sûr de lui, et avec l’appui de Jacques Chirac qui appela en sous main à voter pour lui. Après une brève période de cohabitation dont il sortit finalement renforcé il reconquit le pouvoir suprême en 1988 après avoir parfaitement anticipé le scénario de cette seconde victoire.

Malheureusement pour la gauche, la suite ne fut qu’une succession de désillusions pour un Parti Socialiste à la recherche d’un nouveau leader digne de ce nom.

Le premier choc eut lieu un soir de Décembre 1994 lorsque Jacques Delors annonça en direct lors de l’émission 7/7 animée par Anne Sinclair qu’il renonçait à se présenter à l’élection présidentielle de 1995. L’émotion au sein du parti Socialiste fut à la hauteur des attentes que suscitait l’ancien président de la Commission Européenne. Suite à cette annonce, le nombre de candidats à l’investiture socialiste fut inversement proportionnel à leurs aptitudes à faire face aux affres d’une bataille présidentielle. Lionel Jospin fut désigné mais le moral et l’enthousiasme n’y étaient pas… Il affirma d’ailleurs après l’élection qu’il estimait qu’il n’avait pas de chance de l’emporter. En 2002, après cinq ans de cohabitation vint l’heure du match de revanche Chirac / Jospin. Malheureusement, le passé trotskiste de l’ancien Ministre de l’Education, ses paroles déplacées à l’égard de Jacques Chirac (qualifié publiquement d’homme « usé et vieilli ») et sa thématique du « sentiment d’insécurité » eurent raison de celui qui qualifia son programme comme n’étant pas socialiste.

Ce fut donc le troisième choc, illustré par la présence de Jean Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle. Choc collectif pour ne pas dire tsunami mais aussi choc personnel pour Lionel Jospin qui ne s’en remit jamais.

Depuis, le Parti Socialiste est toujours à la recherche d’un leader capable de vaincre le redoutable Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal qui avait tout misé sur le packaging au détriment du fond a rapidement montré ses limites. Quant à Martine Aubry, force est de constater qu’elle ne semble pas à même de mener la gauche vers le chemin de l’unité et de la reconstruction nécessaire pour l’emporter. Les récentes divisions sur la posture à adopter à l’occasion du congrès organisé par Nicolas Sarkozy en sont une illustration supplémentaire.

Il est donc urgent que le Parti Socialiste trouve un leader sous peine de rester l’éternel champion des élections intermédiaires, incapable de remporter l’élection présidentielle. Alors que les écologistes semblent avoir trouvé leur diamant vert en la personne de Daniel Cohn Bendit, les Socialistes quant à eux sont toujours à la recherche de leur leader rose.     

 

La phrase de la semaine :

«J’ai été la première secrétaire qu’on voulait que je sois, désormais je vais redevenir moi même.» de Martine Aubry.

 

rôme Boué