Le tournant sécuritaire

Nicolas Sarkozy a ressorti son costume de premier flic de France qu’il n’avait en réalité jamais quitté, afin de passer à la vitesse supérieure en matière de sécurité. Il a en effet convoqué plusieurs pointures du gouvernement (Fillon, Alliot-Marie, Darcos, Woerth) pour un brainstorming dont devraient surgir des idées pour combattre la violence. Le thème de l’insécurité qui a toujours été le cheval de bataille du candidat Sarkozy pourrait lui permettre de combler son déficit de popularité à l’approche des élections européennes. Alors que les violences se multiplient à l’image de l’attaque récente au fusil d’assaut contre des policiers de la Courneuve ou de l’agression à l’arme blanche d’un professeur de mathématiques au collège de Fenouillet, ce thème de l’insécurité redevient d’actualité. Le Président à qui l’on a souvent reproché – dans son bilan place Beauvau – les mauvaises statistiques des violences contre les personnes, se devait de réagir fermement.

 

Il est vrai que la sécurité a toujours été un sujet très sensible au poids électoral prépondérant. On se souvient notamment de la campagne présidentielle de 2002 durant laquelle Jacques Chirac avait agité le drapeau rouge de l’insécurité, marquant ainsi des points. Il avait damé le pion à Lionel Jospin qui bien maladroitement avait évoqué pour sa part un « sentiment d’insécurité ». En laissant entendre que les dangers n’étaient pas réels et que la perception de la violence était bien plus importante que la violence elle-même, Lionel Jospin était passé complètement à coté des préoccupations des Français. On connaît les résultats: un deuxième tour Chirac – Le Pen. Dans l’inconscient collectif, la gauche a toujours incarné les acquis et la justice sociale, mais aussi la tolérance voire pour certains le laxisme en matière de sécurité. A l’inverse, la droite a toujours été perçue comme beaucoup plus rigide dans le domaine sécuritaire, notamment à l’époque de Charles Pasqua et de l’épisode douloureux de Malik Oussekine.

 

A l’image de Ségolène Royal qui en pleine campagne présidentielle a durci ses positions en évoquant la possibilité de faire appel à l’armée, il semble que la gauche, à quelques jours des européennes, n’entende pas laisser la droite s’emparer de ce sujet. Ainsi le PS a récemment indiqué que la situation se dégradait dans les quartiers populaires, et qu’il était urgent de mettre en œuvre une nouvelle politique. Entre laxisme et rigidité, comme toujours, la question est de trouver le bon équilibre. Cependant, l’histoire récente nous a montré qu’électoralement, le trop sécuritaire était toujours plus payant que le pas assez sécuritaire. Sur ce point, Nicolas Sarkozy à qui l’on reproche bien souvent d’en faire trop, est un expert…

  

 

La phrase de la semaine :

«François Bayrou est le meilleur des socialistes» de Rachida Dati. (Grand Jury RTL-Le Figaro- LCI)

 

rôme Boué