France : un an de récession !

Une fois encore, l’économie française a sauvé la face grâce à la consommation des ménages. En effet, alors que la consommation s’écroule dans la quasi-totalité des pays développés, la France se paie aujourd’hui le luxe de rejoindre les Etats-Unis dans le club très fermé des pays bénéficiant d’une progression de la consommation des ménages au premier trimestre 2009 (en l’occurrence + 0,2 %).

Pour autant, les bonnes nouvelles s’arrêtent là, car les comptes nationaux du premier trimestre 2009 consacrent une récession historique pour l’Hexagone.

Ainsi, avant même de parler de la baisse de 1,2 % du PIB du premier trimestre, il faut noter que les chiffres des trois trimestres précédents ont tous été en revus en nette baisse. Par exemple, la fameuse augmentation du PIB du troisième trimestre (qui nous avait soi-disant permis d’éviter les deux trimestres consécutifs de baisse du PIB qui marquent techniquement l’avènement d’une récession) a été transformée en un recul de 0,2 %. Autrement dit, la récession a bien commencé dès le deuxième trimestre 2008, puisque ce dernier a marqué le début d’une phase continue de baisse du PIB qui atteint désormais quatre trimestres. Pis, les replis du PIB des deuxième et quatrième trimestres 2008 ont été révisés à la baisse (de respectivement – 0,1 et – 0,4 point). En d’autres termes, les chiffres que nous commentons depuis presque un an étaient faux.

Cela signifie donc que si les chiffres des précédents trimestres n’avaient pas été révisés, la baisse du PIB aurait atteint 2 % sur le seul premier trimestre 2009. Ah, les plaisirs et les faux-semblants de la statistique…

Toujours est-il que le glissement annuel du PIB atteint aujourd’hui – 3,2 %. Du jamais vu dans l’histoire économique française, du moins depuis que les statistiques de l’INSEE en la matière existent.

Le détail des comptes nationaux du premier trimestre est d’ailleurs globalement très négatif. En effet, à l’exception de la consommation des ménages et de la consommation publique (qui stagne), tous les postes du PIB affichent des baisses massives. A commencer par l’investissement des entreprises (-3,2 %) et celui des ménages (- 1,5 %). Les exportations ne sont également pas en reste, puisqu’elles s’effondrent de 6 %, soit davantage que les – 5,3 % enregistrés par les importations, marquant par là même une contribution légèrement négative du commerce extérieur. Enfin, sans surprise également, le PIB a été fortement amputé par un déstockage massif, puisque la formation de stocks a enlevé 0,8 point à la croissance du premier trimestre, après lui avoir déjà retiré 0,7 point au quatrième trimestre 2008.

A côté de la résistance de la consommation, ce déstockage constitue d’ailleurs la deuxième lueur d’espoir des comptes nationaux du premier trimestre. Car, compte tenu de cet ajustement massif et excessif par rapport à l’état effectif de l’économie française, en particulier en matière de consommation, les entreprises devraient au moins réduire leur déstockage voire reprendre le chemin d’un léger restockage au cours des prochains trimestres.

Cela signifie donc que, malgré un acquis de décroissance de – 2,5 % à la fin du premier trimestre, le PIB pourrait finalement ne reculer que de 1,8 % sur l’ensemble de l’année 2009, notamment grâce à une reprise progressive de l’activité à partir de l’été.

Néanmoins, ne rêvons pas, le rebond ne pourra pas être fort compte tenu de la faiblesse et des retards pris par la relance monétaire eurolandaise et la relance budgétaire française, sans parler du niveau de l’euro toujours trop élevé qui limitera l’ampleur de notre reprise.

Pour 2010, la France devrait donc renouer avec la croissance mais de seulement 0,8 % à 1 % au maximum. Soit bien trop peu pour inverser les déficits publics qui avoisineront les 6 % du PIB tant cette année que l’an prochain. Tout ça pour seulement 1 % de croissance. Avouons que cela fait cher payer le dixième de point de croissance…

 

Marc Touati