Affaibli par son bilan mitigé, et déstabilisé par la crise économico-financière, Nicolas Sarkozy a perdu de sa superbe. Alors que les prochaines élections présidentielles se rapprochent, les candidats à sa succession sont nombreux. Mais qui peut battre Nicolas Sarkozy en 2012 ?
Parmi les candidats potentiels, François Bayrou croit en sa bonne étoile, se présentant comme l’unique recours face à Nicolas Sarkozy. Celui qui a triplé son score entre 2002 et 2007 pour atteindre 18% à la dernière présidentielle, est désormais conforté par des sondages flatteurs, et convaincu comme l’avait prédit François Mitterrand en son temps, qu’il sera Président de la République. Tirant à boulets rouges sur Nicolas Sarkozy dans son ouvrage « Abus de pouvoir », l’élu du Béarn fait tout pour s’imposer comme la seule alternative face au président actuel. Toutefois, la partie est loin d’être gagnée pour le « paysan du Béarn ». Tout d’abord, la fragilité actuelle de Nicolas Sarkozy peut se transformer en force dès que l’activité reprendra. Ensuite, François Bayrou ne dispose pas d’une machine de guerre comme l’UMP pour le porter vers la victoire. Enfin, sûr de sa capacité à fédérer autour de sa personne, il devra déjà réussir à surmonter l’épreuve du 1er tour.
A gauche, Martine Aubry, dopée par son retour sur le devant de la scène, croit en ses chances. Cependant, le travail de reconstruction du Parti Socialiste risque fortement de ne pas être achevé en 2012. En effet, le Parti Socialiste n’en finit pas d’effectuer sa mutation idéologique et Martine Aubry, à l’image de sa dernière réunion au Zénith, a déjà bien des difficultés à rassembler son camp. Pour être crédible face à Nicolas Sarkozy, Martine Aubry doit représenter une vraie alternative avec un projet de société et des propositions concrètes face à la crise. Force est de constater que ce n’est pas encore le cas. A gauche toujours, Ségolène Royal n’a pas dit son dernier mot et son récent revers face à Martine Aubry ne l’empêche pas de croire en ses chances pour 2012. Cependant, il lui faudra passer le cap des primaires de 2011, et rien ne dit qu’elle ne pourra réitérer le « coup de poker » de 2006 où elle avait surpris tout le monde.
A droite enfin, Dominique de Villepin a récemment fait savoir qu’il pensait sérieusement à la présidentielle de 2012. Eloquent, cultivé, l’homme qui a tenu tête aux américains à l’ONU ne manque pas d’atouts. Son ascension a été fulgurante : quasiment inconnu en 1993 lorsqu’il était directeur de cabinet au Quai d’Orsay, il passa au secrétariat général de l’Elysée, avant de devenir Ministre de l’Intérieur puis Premier Ministre. Néanmoins, sa descente aux enfers fut tout aussi rapide. L’homme de la dissolution de 1007 surnommé Néron par Bernadette Chirac, ne s’est jamais vraiment remis de l’échec du CPE et de l’affaire Clearstream. De surcroît, pour quelqu’un qui n’a jamais été élu, se présenter à l’élection la plus difficile représente un vrai défi.
En conclusion, au jour d’aujourd’hui, Nicolas Sarkozy n’a pas encore d’adversaire à sa taille pour la bataille qui s’annonce.
La phrase de la semaine :
« Kouchner veut à la fois mon Ministre des Affaires Etrangères et conserver ses amis à gauche. Mais il a du mal à faire le grand écart. Il a pris une petite fessée et il a fini par comprendre » de Nicolas Sarkozy
Jérôme Boué