Après avoir été un acteur de premier plan de la vie politique française pendant 40 ans , plusieurs fois ministre, deux fois premier ministre et douze ans chef de l’Etat, Jacques Chirac n’est désormais qu’un « simple » spectateur n’ayant plus prise sur le cours des événements politiques de son pays. Lui l’homme d’action, débordant d’énergie, lui que l’on surnommait l’hélicoptère à sciences po est désormais un « retraité de luxe ».
Le 8 mai 2007 à l’Elysée, c’est avec une télécommande à la main qu’il assista impassible à la victoire de son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy, tout un symbole. Ce ne fut pas jour de fête à l’Elysée, car après avoir vainement tenté de mettre sur orbite Alain Juppé, Jacques Chirac voyait en Dominique de Villepin son successeur idéal. Malheureusement il ne put stopper l’ascension de Nicolas Sarkozy. S’il semble avoir pardonné à ce dernier son ralliement à Edouard Balladur, l’ex président de la république n’a en revanche jamais oublié ce qu’il considère comme une trahison caractérisée. D’ailleurs le retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur était plus une pomme empoisonnée qu’un véritable retour en grâce. Le nouveau ministre de l’intérieur qui était certain d’obtenir Matignon exploita très habillement le filon de l’insécurité pour se rendre indispensable. Mais pendant 5 ans, la guerre fut totale entre le clan Chiraquien et Nicolas Sarkozy. On se souvient du « je décide et il exécute » du 14 juillet 2004 mais aussi des fortes tensions lors de la nomination du successeur d’Yves Bertrand au poste éminemment sensible de Directeur Central de Renseignements Généraux.
Durant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy fit d’une pierre deux coups, mettant en avant son énergie et sa volonté de faire bouger les lignes tout en faisant passer Jacques Chirac pour un roi fainéant. Pas facile pour lui d’apparaître comme un homme neuf alors qu’en début de campagne il était encore au gouvernement… Il faut dire que le triste bilan de Chirac l’a bien aidé à convaincre qu’il ferait beaucoup mieux que son ex mentor. Cela démarra dès 1995 avec la reprise des essais nucléaires à Mururoa, puis cela continua avec la reculade du gouvernement Juppé sur la réforme des régimes spéciaux. Plus tard, la suppression de la conscription obligatoire fut sans doute une erreur également, et la liste des réformes avortées et des reculs successifs est longue. Toutefois il faut rendre à César ce qui appartient à César et la réalisation marquante du règne de Jacques Chirac est sa décision de s’opposer à l’intervention militaire de la France en Irak.
Mal aimé voir rejeté, Jacques Chirac qui n’est désormais plus en activité est devenu une des personnalités favorite des Français… Membre de droit du conseil constitutionnel et à la tête d’une fondation qui se bat pour l’eau, la paix, les civilisations, l’accès aux médicaments etc… il suscite désormais une sympathie qui lui fit cruellement défaut lorsqu’il était au pouvoir. Il faut dire que si les Français ont rejeté le politique, ils appréciaient beaucoup l’homme. Proche de ses compatriotes, ayant l’humour facile, un bon coup de fourchette, toujours avenant, Jacques Chirac pouvait tester chaque année sa cote de popularité au salon de l’agriculture. Il faut dire que sa personnalité tranche singulièrement avec celle de son successeur qui à défaut d’être apprécié sur le plan humain a plus de succès sur le plan politique. Mais il est vrai que l’on ne dirige pas un pays pour être aimé c’est peut être d’ailleurs ce qui différencie Jacques Chirac de Nicolas Sarkozy.
La phrase de la semaine :
«On me dit qu’on devient populaire quand on ne fait rien. Mais dans le cas de Chirac, c’est inexact. Sinon il aurait été populaire du temps de sa présidence » de Nicolas Sarkozy à propos de l’annonce du record de popularité battu par Chirac dans un sondage.