Mondialisation : La Méditerranée reste sans union

Les anniversaires ne sont guère propices à de grandes manifestations de joie actuellement. L’An II de subprime. Les six mois de la faillite de Lehman Brothers. La deuxième bougie de feu l’UPM.

UPM ou Union pour la Méditerranée. Un concept, rappelons-nous, qui a vu le jour à Toulon, lors d’un meeting de campagne présidentielle. Puis qui a revu la lumière l’année dernière, en juillet, lors d’une grande réunion, rassemblant tous les principaux leaders économiques et politiques du pourtour du Mare Nostrum. Une réunion qui, au final, comme beaucoup d’autres, a fait couler de l’encre dans les médias, puis, plus grand-chose.

Entre temps, les déboires financiers sont venus jeter un voile sur les beaux discours d’un partenariat euro-méditerranéen. La construction économique devait être le fondement de ce rapprochement, un peu à l’image du modèle européen. Ce serait un premier pas pour avancer sur les grands chantiers communs aux deux rives de la Méditerranée et créer une zone de prospérité partagée.

Les économies européennes ont d’autres chats à fouetter que d’apporter leur soutien financier aux pays de cette zone. Chacun pour soi et les vaches – maigres – seront bien gardées.

Quoique les pays d’Afrique du Nord ne sont pas les plus mal lotis. La croissance du Moyen-Orient devrait être de 3,9 % en 2009 puis de 4,7 % en 2010, selon le Fonds monétaire international. Pas d’effondrement en perspective donc. Entre 1998 et 2007, la croissance moyenne du PIB a été de 4,3 % pour l’Algérie, de 4,4 % pour le Maroc, de 4,8 % pour l’Egypte.

Tout est cependant loin d’être rose pour ces pays, confrontés au défi d’une population active massive, à des tensions politiques grandissantes, et à des besoins importants pour moderniser leurs économies. L’Europe est aujourd’hui de plus en plus concurrencée dans la fourniture de cette enveloppe d’aide par les Pays du Golfe. Les liens sont de moins en moins Nord-Sud et de plus en plus Sud-Sud. Le flux des IDE (investissements directs à l’étranger) issu de pays du Golfe, qui se sont gavés de devises grâce au commerce de leurs hydrocarbures, se tourne vers la construction, les télécoms et la finance de leurs voisins arabes.

La crise a eu raison de l’Union pour la Méditerranée, un projet qui était, dès le départ, controversé. Il ne faut pas s’attendre à ce que le mode de financement de cette union et donc sa raison d’être soit statué rapidement. Les cordons de la Bourse européenne se sont drastiquement resserrés. Et la planche à billets ne marche pas pour tous. Dommage que cette tentative d’ouverture économique passe à la trappe, au moment où le G20 stigmatise les dérives protectionnistes. Là encore, de belles paroles.

 

Alexandra Voinchet