A l’instar de l’issue favorable du G20, l’augmentation du chômage aux Etats-Unis en mars n’est pas une surprise. A la rigueur, dans la mesure où depuis six mois, les chiffres de l’emploi américain ont toujours été plus mauvais que les anticipations consensuelles, la sortie de chiffres, certes mauvais, mais en ligne avec le consensus, est presque une bonne nouvelle.
Pour autant, la réalité est là : pour le quinzième mois consécutif, la job machine a détruit des emplois : 663 000 en mars, soit un total de 5,133 millions depuis janvier 2008 ! C’est tout simplement du jamais vu en si peu de temps.
Parallèlement, le taux de chômage a atteint 8,5 %. Pour retrouver un niveau aussi élevé il faut remonter à l’époque où nous dansions sur Thriller de Michaël Jackson, c’est-à-dire novembre 1983. Cela ne nous rajeunit pas…
Au-delà de cette catastrophe sociale, il y a néanmoins trois éléments de relativisation à apporter à cette triste situation.
Premièrement, ces destructions d’emplois et l’augmentation du chômage à 8,5 % en mars apparaissent excessives par rapport à la baisse de l’activité.
Le chômage au plus haut depuis novembre 1983
En fait, comme nous la calculions déjà le mois dernier, une simple corrélation historique entre l’emploi et le PIB montre qu’actuellement, seule la moitié des destructions d’emplois s’expliquent par une baisse du PIB. L’autre moitié tient à un mouvement de pessimisme généralisé tel que les entreprises peuvent être incités à licencier au-delà de leur besoin, soit par anticipation de lendemains difficiles, soit par peur.
Autrement dit, si le pire se produit, l’ajustement baissier de l’emploi a déjà eu lieu. Et si le futur s’avère meilleur que prévu, la reprise de l’emploi sera particulièrement vigoureuse.
D’ailleurs, le deuxième élément de relativisation réside dans le fait que
L’action de
Dans le prolongement de cette idée, il faut également souligner que les destructions d’emplois dans les services ralentissent, en particulier dans les services aux entreprises.
Enfin, dernier facteur de réconfort, le taux de salaire horaire continue d’augmenter, encore 0,2 % en mars et 3,4 % en glissement annuel. Compte tenu d’une inflation à zéro, cela confirme donc la bonne tenue des salaires réels.
Des salaires réels qui annoncent un rebond de la consommation.
De la sorte, comme le montre le graphique ci-dessus, la consommation des ménages en volume dispose d’une marge de rebond assez nette pour les prochains mois. Et ce, d’autant que ceux-ci vont désormais commencer à bénéficier de la relance fiscale d’Obama.
Même si une partie de ce coup de pouce sera utilisé pour le remboursement des emprunts ou pour l’augmentation de l’épargne, ces évolutions montrent que les Etats-Unis ne sombreront pas dans une déflation durable.
Marc Touati