Mondialisation : Pour le meilleur et pour le pire.

Le mot a été lâché : « dé-mondialisation ». C’est un stratégiste économique, d’une banque d’investissement européenne, qui a osé énoncer le mot tant redouté. Jusqu’à présent, les Etats se cachaient bien d’étiqueter leurs nombreux efforts pour remettre l’économie en marche, de « patriotisme ». Pourtant, les milliards saupoudrés sur les banques, l’automobile, sont une manière, à peine déguisée, de procéder à des nationalisations. Patriotisme économique et nationalisations, deux mots qui ne vont en général guère avec celui qui était à la mode, jusqu’à il y a peu, la mondialisation.

Mais ni le Nord ni le Sud, chacun pour des raisons qui leurs sont propres, ne semblent aujourd’hui se rappeler de la définition philosophique de la globalisation. D’aucuns accusent la mondialisation, notamment financière, d’avoir précipité l’effondrement. L’économie internationale est passée au mode day trading. C’est le règne du court-termisme et de l’urgence. Après nous, le déluge. Il faut d’abord « sauver notre propre peau », explique textuellement le stratégiste.

 

C’est oublier que la crise n’a pas effacé les préceptes que le XXe siècle a diffusés. Le FMI, l’OMC, aussi perfectibles soient-ils, sont les manifestations de cette recherche d’un vouloir et d’un agir commun. Les soubresauts, comme ceux de Cancun, les coups de freins, comme l’impasse de Doha, sont les marques de cet apprentissage d’un nouvel espace économique globalisé.

Il est toutefois bien dommage que ces institutions – hormis le FMI, qui multiplie les études et prononce des avertissements, parfois dans le vide -, ne parviennent pas à trouver le rôle qui devrait être le leur actuellement. A problème global, solution globale. Mais, que dit l’Organisation mondiale du commerce, le tribunal du commerce international pourtant, de la baisse des exportations chinoises, des distorsions de concurrence induites par certains renflouages express ? Quant aux grands rendez-vous, tantôt appelés par un dirigeant, tantôt par son homologue, qu’en est-il ressorti ? Le G20, convoqué pour début avril, suscite espoir et résignation. Les Etats sont devenus schizophrènes : pris entre les besoins de régler leurs problèmes domestiques et l’impérieuse nécessité de purger l’économie mondiale, préalable à toute guérison nationale.

 

Comment la mondialisation traversera-t-elle cette crise ? Sans doute, elle n’en ressortira pas indemne. En sera-t-elle affaiblie ou dopée ? Pour le meilleur et pour le pire, dit-on lors d’une union. La crise financière fait partie du pire. Travaillons au meilleur.

 

Alexandra Voinchet