La zone euro à l’épreuve de la crise.

La montée de la crise financière, puis économique, a provoqué de fortes secousses sur les marchés obligataires internationaux.

Ainsi les O.A.T (Obligations Assimilables du Trésor) françaises doivent être émises à un taux supérieur de 50 points de base (cela représente 0.5% du principal) au taux des « bunds » allemands, ce qui correspond à un risque sur notre pays, estimé conséquent par les investisseurs. Cette marge de risque s’élève au dessus de 200 points (2%)  pour d’autres Etats plus fragiles de la zone euro, telles que l’Irlande ou la Grèce;  l’Italie et l’Espagne se situent entre les deux groupes de pays (environ 100 à 150 points).Les agences de notation, ont réagi à ces évolutions des marchés financiers en menaçant de dégrader les notes de ces pays, ce qui aurait comme conséquence d’amplifier la hausse des marges.

Or, cette hausse a comme conséquence mécanique d’augmenter le coût de financement de la dette de ces Etats et donc de détériorer leur notation future, en les faisant entrer dans une spirale négative.

 

Avant l’apparition de l’euro, les pays en difficulté avaient tendance à chercher une échappatoire à la crise dans la dévaluation de leur monnaie, qui était censée leur permettre de rétablir leur compétitivité, relancer leurs exportations et accessoirement de rétablir leurs finances. Bien sûr, l’expérience a montré que les choses ne se passaient pas toujours aussi idéalement, dans la mesure où une dévaluation pouvait aussi déclencher une hausse de l’inflation (en partie importée), qui annihilait rapidement les avantages de la dépréciation de leur monnaie.

 

On conçoit cependant que certains économistes se demandent si les pays les plus vulnérables ne risquent pas de sortir de la zone euro, pour retrouver une plus grande marge de manœuvre économique, comme en disposent les pays qui ont refusé l’entrée dans la zone euro (le Royaume -Uni par exemple).

Il apparaît pourtant qu’une telle décision serait en fait contre-productive. En effet si l’on observe la situation économique des pays de l’Europe Centrale et Orientale qui n’appartiennent  pas à la zone euro, on constate que celle-ci s’est détériorée beaucoup plus vite que celles des pays limitrophes appartenant à cette zone.

Même un pays comme le Danemark se demande s’il ne serait pas mieux protégé s’il faisait partie de la zone euro. Quant à l’Islande, qui n’est même pas membre de l’Union Européenne, tout le monde sait qu’elle est en faillite.

En revanche, la Slovénie qui a rejoint l’euro, il ya plus d’un an maintenant, apprécie énormément le filet de sécurité qu’il représente.

 

Pour conclure, on peut considérer que l’appartenance à la zone euro implique de nombreuses contraintes, en termes de limitation de la souveraineté nationale et donc de liberté en matière économique : c’est la BCE qui fixe les taux d’intérêt à court terme ; c’est Bruxelles qui supervise l’application des clauses du traité de Maastricht. Néanmoins, ces contraintes sont beaucoup plus supportables, si on énumère, en face, les avantages de la zone monétaire : protection institutionnelle forte (les réserves de la BCE) ; existence d’une devise internationale, l’euro, de plus en plus reconnue comme une monnaie internationale majeure ; solidarité régionale adossée à des puissances moyennes comme l’Allemagne ou la France ; absence de surenchères « dévaluationnistes » où tout le monde est perdant.

Par conséquent, la zone euro, qui jusqu’à présent avait connu un environnement plutôt porteur (croissance économique forte), devrait réussir à survivre à cette crise mondiale et à en ressortir probablement plus forte.

 

 

Bernard MAROIS

Professeur Emerite à HEC Paris

Président du Club HEC