Dur dur d’être Ministre…

Ah Ministre ! Le rêve de nombreuses personnalités politiques, l’aboutissement d’une carrière, les responsabilités et bien sur l’honneur d’être en situation de servir son pays. Toutefois la réalité du quotidien des Ministres dépend beaucoup de la personnalité du chef de l’Etat mais également de son mode d’exercice du pouvoir.

Avec l’accès au pouvoir de Valéry Giscard d’Estaing, nous sommes entrés dans l’aire de la monarchie républicaine. Elu à 48 ans, X/ENA, l’ex Président de la République était doté de toutes les intelligences sauf peut-être celle du pouvoir. En effet, il était particulièrement condescendant avec ses ministres et ne leur laissait aucune liberté de s’exprimer librement. On se souvient qu’il avait renvoyé son ami Jean Jacques Servan-Schreiber qui avait cru pouvoir inaugurer ses fonctions de ministre en critiquant la politique nucléaire de la France. Jacques Chirac n’a d’ailleurs pas tenu le choc et démissionna spectaculairement de son poste de Premier ministre en 1976.

 

François Mitterrand quant à lui poussa la monarchie républicaine à son paroxysme. On se souvient entre autre de Pierre Mauroy obligé de se rendre à Roissy au milieu de la nuit pour accueillir le Président avec tapis rouge, fanfare et garde républicaine. On se souvient également de Jean Pierre Chevènement qui alors qu’il était en désaccord avec le Président à propos de l’intervention militaire en Irak, avait démissionné avec fracas en affirmant « un ministre ça se soumet ou ça se démet ». Cela résume en substance le faible degré de latitude que François Mitterrand pouvait laisser à ses ministres.

Jacques Chirac quant à lui sous son aspect jovial et proche des gens n’était pas un enfant de chœur : Chaban, Valery Giscard d’Estaing ou encore Edouard Balladur sont bien placés pour le savoir . Si, bien sûr il avait ses favoris, il pouvait également être lapidaire envers ceux qui s’opposaient à lui. On se souvient du « je décide et il exécute » à l’encontre de Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée le 14 juillet 2004.

 

Enfin vint le règne de Nicolas Sarkozy qui sous une apparente décontraction et un tutoiement facile s’inscrit également dans l’esprit de la monarchie républicaine avec un esprit de cour particulièrement prononcé. Le président actuel peut être à la fois omniprésent tout en lâchant parfois la bride. Ainsi si il rappelle en permanence à ses ministres leur sort enviable par « vous êtes des privilégiés, vous vivez grâce à moi vos plus belles années » il ne cesse de les court-circuiter. Telle Christine Albanel, Ministre de la

Culture qui a appris en regardant la télévision la suppression de la publicité à la télévision, ou encore Christine Lagarde, Ministre des finances qui apprit par voix cathodique la vente de 3% du capital d’Elf pour mener à bien la modernisation des universités.

 

Parallèlement, Nicolas Sarkozy peut également laisser une certaine latitude à ses ministres comme ce fut le cas avec Rama Yade qui affirma ses convictions lors de la visite en France du président Kadhafi. On peut également citer Fadela Amara qui s’était ouvertement opposée à l’utilisation des tests ADN pour le contrôle de l’identité des immigrés. Au final, la conception de l’exercice du pouvoir de Nicolas Sarkozy peut être résumée par cette phrase de Jean Louis Borloo « Nicolas Sarkozy est le seul qui a été obligé de passer par l’Elysée pour devenir Premier Ministre »

 

 

La phrase de la semaine :

« Martine Aubry ment tellement qu’elle finit par croire ce qu’elle dit » de François Hollande .

 

rôme Boué