Contrôle, collusion et performance financière.

L’année 2008 a été marquée, entre autres, par deux grands scandales : l’affaire Kerviel et l’affaire Madoff, dont les montants (presque 5 milliards d’un coté, et environ 50 milliards de l’autre) expliquent en grande partie la chute de confiance des investisseurs en l’efficacité des règlements et des contrôles. Ceci étant, ces deux évènements sont de nature différente.

 

L’affaire Kerviel souligne l’incapacité d’une institution, la Société Générale, à identifier l’existence « d’un trader fou » au sein de son organisation, puisqu’il a réussi à déjouer environ une quinzaine de contrôle.

Sauf que, d’une part Kerviel était aussi et avant tout quelqu’un de très habile, motivé à la fois par l’espoir d’une augmentation de ses bonus et un « esprit de revanche » à l’égard de collègues plus diplômés que lui et, d’autre part, il avait fait gagner beaucoup d’argent à la Société Générale précédemment, avant de lui en faire perdre.

 

L’affaire Madoff est différente, dans la mesure où elle s’appuie sur une escroquerie (payer les intérêts des premiers arrivés avec l’argent des derniers venus), connue aussi sous le terme de « système  Ponzi ». Exepté que Madoff a su utiliser au mieux « sa respectabilité » pour  berner  ses clients. D’une part il s’est appuyé sur une carrière professionnelle éminente (il a été plusieurs années Président du NASDAQ, la grande bourse électronique américaine) et, d’autre part, il a réuni, parmi ses clients, des grandes fortunes et des membres de « l’establishment » qui lui ont fourni une véritable caution, dont il a su manifestement bien profité. Du coup, les gérants ont été moins  « regardants » et l’escroquerie a pu prospérer durant de nombreuses années.

Bien que ces deux affaires soient différentes, elles ont certains points communs : le premier, c’est la tendance à ne pas remettre en question une personne qui, dans le passé, a connu une réussite professionnelle (les gains de Kerviel, les antécédents de Madoff) ; le succès antérieur est considéré, à tort parfois, comme le gage de la réussite future. Le second point commun, c’est la fragilité des procédures de contrôle, qui repose sur la bonne volonté des contrôleurs, qu’ils soient internes (dans le cas de Kerviel) ou externes (chez Madoff où ni la Securities et Exchange Commission- la SEC-, ni les gérants extérieurs, dont certains appartiennent à des grandes banques, comme l’UBS, n’ont rien trouvé à redire aux méthodes du financier américain).

En effet, les contrôleurs peuvent être, soit vigilants (c’est le schéma habituel, bien évidemment), soit laxistes (en particulier, en se livrant à des analyses superficielles ou en s’appuyant sur les avis « d’autres » experts), soit « bienveillants » (on peut alors parler de « collusion » ; l’histoire montre que ce cas est plus fréquent, lorsque l’environnement est porteur et les marchés exubérants).

 

En conclusion, édicter des règlementations appropriées ou des procédures prudentielles idoines n’est pas suffisant, pour garantir une bonne fin des opérations financières. Encore faut-il que celles-ci soient bien appliquées !

 

 

Bernard MAROIS

Président

Club Finance HEC