France : une récession industrielle historique.

Bérézina ! C’est malheureusement, la situation dans laquelle se trouve l’industrie française. En effet, pour le cinquième mois consécutif, la production industrielle a enregistré une baisse majeure en décembre (- 1,8 %). Sur l’ensemble de l’année 2008, le nombre de mois de hausse se compte sur les doigts d’une main, puisqu’il n’y en a eu que quatre. Du jamais vu. Depuis avril dernier, la production a ainsi chuté de 11,5 %.

D’un point de vue trimestrielle, la déconvenue est tout aussi forte, puisque qu’on recense, non pas un, ni deux, mais trois trimestres consécutifs de baisse de la production. Au quatrième trimestre, le plongeon atteint même 6,7 %, encore un niveau sans précédent. Ce n’est donc plus une récession mais une dépression que traverse l’industrie française.

Conséquence logique de cette descente aux enfers, le glissement annuel de la production a battu un nouveau record historique, à – 11,1 %. Et ce, après en avoir atteint un premier à – 7,7 % en octobre, puis un nouveau à – 9,1 % en novembre.

Dans ces conditions, il paraît clair que les chiffres du PIB du quatrième trimestre (publiés vendredi 13) risquent d’être catastrophiques.

A titre de comparaison, le glissement annuel de la production industrielle américaine, pourtant souvent présentée comme la plus sinistrée du monde développement, a atteint en décembre 2008 un plus bas de -7,8 %.

Piètre consolation, certains de nos voisins européens font pire que nous : en l’occurrence – 12 % pour la production industrielle allemande et – 19,6 % en Espagne.

Deux questions s’imposent alors : cette dépression va-t-elle durer et, le cas échéant, combien de temps ?

Selon nous, ce marasme va se prolonger pendant encore trois à six mois, mais sans aggravation. Autrement dit, la production va continuer de baisser mais de moins en moins, pour reprendre le chemin de la hausse modérée à partir de l’été prochain. En effet, la baisse des prix des matières premières, le repli de l’euro, la réduction des taux directeurs de la BCE (certes encore trop timide) et la relance budgétaire vont forcément finir par agir sur l’activité. C’est d’ailleurs ce que montre la dernière enquête INSEE dans l’industrie au travers de la légère remontée des perspectives personnelles de production.

Reste à savoir si les ménages auront la patience et les moyens d’attendre. Une chose est sûre : la relance budgétaire et monétaire est encore insuffisante. Une nouvelle couche est indispensable.

 

Marc Touati