2009 s’annonce difficile pour l’économie allemande

Gutes neues jahr. Bonne année, dit-on en allemand. Ou plutôt mauvaise année. Car, si l’Allemagne a plutôt bien résisté à la crise jusqu’à l’été dernier et que sa Chancelière hésitait encore il y a peu à mettre en place des mesures de relance – ce qui serait revenu à avouer que l’économie ralentissait -, il n’en est plus rien.

Le retournement a été rapide : après un premier trimestre honorable, le PIB allemand a décroché aux deuxième et surtout au troisième trimestre (- 0,5 %), augurant d’une fin d’année plus triste que tous ne l’avaient imaginée. Et pour 2009, le gouvernement allemand est bien optimiste quand il voit une contraction de seulement 0,2 % du PIB alors que d’autres envisagent – 2 %.

Le moteur industriel cale. Les voitures allemandes, grosses berlines gourmandes en carburant, ont du mal à trouver preneurs. La construction immobilière n’est pas plus florissante en Allemagne que dans le reste de l’Europe. Les syndicats, très puissants outre-Rhin, montrent les dents. L’industrie germanique, fleuron de l’industrie européenne, qui a fait sa renommée, ces dernières années, dans sa puissance à l’exportation, souffre du ralentissement du commerce mondial. Difficile pour l’Allemagne de compter encore les pays d’Europe de l’Est parmi ses bons clients tant les commandes s’étiolent. Résultat : la balance commerciale allemande a bien changé en un an.

Il ne faut pas compter sur la demande interne pour prendre le relais. Les consommateurs ont le moral dans les chaussettes. Même si le recul de l’inflation a libéré un peu de pouvoir d’achat, les achats sont en berne. Il y trois ans, quand les choses allaient encore bien, les rémunérations n’avaient augmenté que de 1,1 % par salarié et les jobs à 1 euro avaient fait les gros titres de la presse. Augmentations salariales au compte-gouttes, développement des emplois atypiques et précaires : le marché du travail allemand n’est pas paré pour résister à la crise.

Pis, alors que l’on se félicitait de la bonne tenue des chiffres du chômage, les dernières annonces ont ravivé de tristes souvenirs. Certes, le taux de chômage est resté relativement stable à 7,6 % en décembre, mais l’Allemagne vient de connaître sa première augmentation, en 34 mois, du nombre de chômeurs : plus de 3,18 millions. Alors que la tendance ne cessait de s’améliorer, revoilà le spectre d’un taux de chômage à 12,5 %, comme en 2005.

Le gouvernement d’Angela Merkel, qui affronte pas moins de seize scrutins cette année, s’est résolu à mettre sur la table une deuxième enveloppe pour relancer l’économie. Soit un effort de plus de 80 milliards d’euros. Cela correspond à 1 000 euros par Allemand, contre 1 850 euros par Américain et 412 euros par Français, relève la presse.

Le magot allemand est destiné à remettre sur les rails tout un pan de son industrie, à moderniser les infrastructures façon New Deal et à sauver quelques milliers d’emplois. Pas encore tranchées sont les mesures fiscales et sociales : comment inciter les Allemands à consommer et faire de la demande interne un moteur suffisamment costaud pour prendre le relais de celui des exportations ? Mais, le consensus politique n’est pas aisé à trouver.

Entre les multiples rendez-vous électoraux, économiques et financiers, l’agenda de 2009 s’annonce chargé et l’année sera sans nul doute bien éprouvante outre-Rhin.

 

 Alexandra Voinchet