La sortie de crise.

La plupart des analystes s’accordent sur l’analyse des causes et des conséquences de la crise actuelle. Cependant, peu d’observateurs sont en mesure de nous indiquer des voies de sortie de cette crise.

Nous allons donc nous prêter à cet exercice, en distinguant deux étapes : le court terme et le moyen terme.

En ce qui concerne les deux prochaines années, voici les directions dans lesquelles il faut s’engager :

          Atténuer la sévérité de la crise, en soutenant les systèmes bancaires, ce qui devrait faire disparaître la crise de liquidité (« credit crunch ») provoquée non par l’absence de cash, mais par l’arrêt des transactions interbancaires(dû en grande partie, au manque de confiance généralisé) ; on peut considérer qu’une bonne part du travail a été accompli, à travers la recapitalisation des banques et les garanties apportées par les Etats aux financements à destination des particuliers et des entreprises.

          Relancer la consommation, à travers des stimulations budgétaires, pour limiter le freinage de l’économie « réelle » et la récession en résultant. Certes, cela provoquera le gel des règles de Maastricht, mais la situation est exceptionnelle et justifie un peu de « keynésianisme ». Quant au regain d’inflation, du côté de la demande, il devrait être limité, par l’importance du chômage (frein sur les hausses de salaire) et, du côté de l’offre, par la chûte du prix des matières premières (pétrole inclus).

          Réviser les règlementations bancaires(en particulier, aux Etats-Unis). Parmi les nombreuses suggestions, deux apparaissent incontournables :

      L’encadrement des procédures d’octroi de prêts au logement :

        Les crédits doivent être accordés en fonction de la solvabilité du client et non pas de        la valeur du bien acheté ;

      Les banques d’affaires doivent faire l’objet d’une limitation de leur effet de levier   (rappelons que Lehman Brothers souffrait d’un endettement égal à plus de 30 fois les   capitaux propres, au moment de sa mise en liquidation !).

A plus long terme, il faut  mettre en œuvre plusieurs réformes :

     Introduire plus de transparence dans les marchés de gré-à-gré, en obligeant les acteurs   à enregistrer les opérations sur produits dérivés auprès d’un organisme de    surveillance (à créer). En effet, il n’est pas souhaitable de supprimer la titrisation en   tant que telle. Cette technique a été très utile dans d’autres secteurs (cartes de crédit,    prêts à la consommation, etc.) ; il faut simplement améliorer son encadrement             règlementaire. Même réflexion en ce qui concerne les « credit derivatives ».

    Réformer le mode de fonctionnement des agences de notation, qui n’ont pas été capables d’identifier les risques inclus dans les CDO(Collateral Debt Obligations) et            corollairement, dans les SIV (Special Investment Vehicles) ou les SICAV        « dynamiques », chargés de crédits  « toxiques ». Il est clair que le système de notation est vicié à la base, dans la mesure où ce sont les émetteurs qui paient les agences pour            effectuer leur travail de notation et pas les investisseurs.

     Mettre en place une gouvernance mondiale de la finance, qui pourrait être exercée par      un FMI rénové et disposant de plus de pouvoirs. Je reviendrai sur ce point dans un   prochain éditorial.

      Si les Etats arrivent à se mettre d’accord pour appliquer l’ensemble de ce programme, on peut être raisonnablement optimiste, à partir de 2010…

 

                                                                                        Bernard Marois

                                                                                              Président Club Finance HEC