Méthode forte, Sarkomence

Le jeudi 30 octobre fut l’occasion d’une grande messe Elyséenne à laquelle Nicolas Sarkozy avait convié le Premier Ministre, les principaux membres du gouvernement et de son cabinet , mais surtout les dirigeants de tous les grands établissements de crédit, les préfets, et les trésoriers généraux . Par un grand discours moralisateur et menaçant, Nicolas Sarkozy a mis les banquiers face à leurs responsabilités en les exhortant de respecter le « pacte moral » passé avec les Français en échange du plan de sauvetage de 360 milliards d’Euros.

Les préfets se sont également retrouvés en première ligne puisque le Président de la République leur a demandé de traquer les comportements déviants et « inacceptables de certains banquiers » qui ne joueraient pas le jeu. Plus précisément, les préfets auront pour mission de dénoncer les banques qui ne feraient pas leur métier malgré les mesures mises en oeuvre, tout en surveillant l’application des mesures de soutien aux PME avec déblocage des crédits si nécessaire.

Surveiller, contrôler, dénoncer… Il s’agit d’une véritable déclaration de guerre aux banques déviantes avec les préfets en fidèles grognards du Président. L’ex premier flic de France est clairement de retour, mais cette fois pour « fliquer les banques ». On retrouve d’ailleurs les principales caractéristiques qui ont fait les grandes heures du Ministre de l’Intérieur : le rapport de force, la menace voire la brutalité…

Le Président, qui se transcende en période de crise, donne la pleine mesure de lui même avec un volontarisme exacerbé. Il ne se résout d’ailleurs pas à lâcher la Présidence de l’Union Européenne le 1er Janvier prochain, c’est dire s’il se complait dans sa position actuelle.

Au même moment, des voix s’élèvent au Parti Socialiste pour réclamer la nationalisation des banques, nous ramenant à quelques encablures de notre bonne vieille planification. Economiquement parlé, un excès d’interventionnisme serait dangereux pour notre économie. On a d’ailleurs eu l’occasion de constater à maintes reprises les limites de l’Etat gestionnaire (le Crédit Lyonnais et Mr Haberer par exemple). Oui à la participation ponctuelle de l’Etat mais non à l’ingérence …

De surcroît alors que les caisses sont vides, Nicolas Sarkozy se comporte comme s’il était à la tête d’un pays riche. Il serait bien avisé d’utiliser cette fermeté légendaire pour juguler les dépenses publiques. Mais pour cela, il faut un certain courage politique qui malheureusement, à l’instar de ses prédécesseurs, lui fait cruellement défaut.

 

 

La phrase de la semaine :

«Je constate qu’en Conseil des Ministres on discute, ce que l’on ne faisait jamais sous François Mitterrand ou Jacques Chirac ».De Bernard Kouchner.

 

rôme Boué