L’Oncle Sam fait de la résistance et l’Euroland plonge.

Pour le cinquième trimestre consécutif, l’économie américaine a encore évité le marasme que la grande majorité des prévisionnistes et observateurs économiques lui annoncent depuis l’été 2007.

Certes, avec une baisse du PIB de 0,3 % au troisième trimestre 2008, il n’y a évidemment pas de quoi sauter au plafond. Ceci dit, n’oublions pas que ce chiffre est mesuré en rythme annualisé, ce qui signifie que d’un trimestre sur l’autre, le PIB américain n’a reculé que de 0,06 %.

Certes encore, la consommation a baissé de 3,1 % en rythme annualisé sur cette même période et l’investissement de 1,9 % (-5,6 % pour les entreprises et encore – 19,1 % pour l’investissement logement des ménages).

Certes enfin, la croissance américaine a été sauvée par un moindre déstockage et par une contribution nettement positive du commerce extérieur (1,2 point).

Cependant, au-delà de ces points de relativisation, il faut reconnaître que la grave récession tant annoncée depuis plus d’un an n’a toujours pas eu lieu outre-Atlantique.

Évidemment, la résistance du troisième trimestre ne présage en rien de l’évolution du quatrième trimestre. Ainsi, au regard de l’évolution récente des indicateurs des directeurs d’achat dans l’industrie et de confiance des ménages, il est clair que le PIB américain risque de reculer encore au quatrième trimestre. Ouf ! L’économie américaine devrait bien subir deux trimestres consécutifs de baisse du PIB, manifestation technique de la récession.

Pour autant, le scénario du pire est toujours très loin d’être certain. En effet, la baisse des cours du baril, la résistance de l’activité dans les services, la baisse des taux d’intérêt de la Fed et des taux interbancaires, sans oublier les plans passés et à venir de sauvetage de l’économie devraient progressivement porter leurs fruits tant en termes d’investissement que de pouvoir d’achat et de consommation. En outre, l’avènement d’un nouveau Président est souvent synonyme d’une amélioration de la confiance des ménages pendant au moins quelques mois.

Autrement dit, tous ces ingrédients positifs devraient permettre d’apaiser progressivement la crise de confiance dans laquelle nous vivons depuis le 15 septembre 2008 et la faillite de Lehman Brothers.

Compte tenu d’un acquis de croissance de 1,6 % au sortir du troisième trimestre et en dépit d’une probable baisse du PIB d’environ 1 % en rythme annualisé au quatrième trimestre, le PIB devrait tout de même afficher une progression annuelle moyenne d’environ 1,5 % cette année, soit tout de même 1 point de plus que les prévisions consensuelles d’il y a encore quelques semaines.

Quant à 2009, en dépit d’un acquis fin 2008 proche de zéro, la croissance devrait également franchir, voire dépasser la barre des 1,5 %.

A l’inverse, comme l’a encore montré l’effondrement de l’indice de sentiment économique de l’ensemble de la zone euro en octobre (à un plus bas depuis novembre 1993), la zone euro est bien engagée depuis le deuxième trimestre dernier et au moins jusqu’au début 2009 dans une récession analogue à celles de 1975 et de 1993.

Autrement dit, si la Fed devrait arrêter de baisser ses taux directeurs, la BCE va pouvoir se lancer corps et âmes dans une forte baisse du taux refi pour essayer de limiter une récession qui s’annonce d’ores et déjà historique. De quoi conforter la dépréciation de l’euro/dollar qui, après une pause justifiée depuis quelques jours, devrait reprendre le chemin de la baisse dans les toutes prochaines semaines. En route donc vers les 1,20 dollar pour un euro d’ici à la fin 2008.

 Marc Touati