Les richesses de demain se font aujourd’hui.

Les Américains et leur plan Paulson de 700 milliards d’euros font vraiment figure de petits joueurs… En effet, alors que la crise bancaire ne devait concerner que les États-Unis et en aucun cas l’Europe, l’Union européenne, avec un PIB à peu près équivalent à celui des Etats-Unis (environ 15 000 milliards de dollars), a annoncé un plan de sauvetage des banques d’environ 1 500 milliards d’euros.

Dans tous les pays de l’Union, ce plan va prendre la double forme d’une garantie des prêts interbancaires et d’une possibilité de recapitalisation des fonds propres des banques. Autrement dit, les banques européennes vont pouvoir désormais faire leur métier dans une voiture confortable ancrée sur une autoroute dégagée et en ligne droite, avec une vitesse limitée à 60 km/h et dotée d’une dizaine d’airbags…

Dans ces conditions, il est clair qu’il n’y aura pas de faillite de banque grande ou moyenne en Europe et que, par là même, l’illiquidité qui prévaut sur le marché interbancaire depuis plus d’un an n’a plus lieu d’être. Et ce, alors qu’une garantie à peu près équivalente existe déjà outre-Atlantique.

Dans ce cadre, après la chute vertigineuse des cours boursiers des dernières semaines, il est clair que les actions internationales deviennent de plus en plus intéressantes. Vendredi dernier, plus de la moitié des entreprises du Cac 40 affichaient une capitalisation boursière inférieure à leurs fonds propres. C’est dire combien les « soldes » devenaient exubérantes.

Certes, la récession aura bien lieu en Europe. Néanmoins, compte tenu de la baisse des taux directeurs passées et à venir, de la baisse de l’euro, du recul du cours du pétrole et des matières premières sans oublier le plan colossal de sauvetage des banques, la croissance eurolandaise devrait progressivement redémarrer à partir de l’été 2009. Or, dans la mesure où les marchés boursiers anticipent généralement de six à neuf mois la sortie de récession, une reprise progressive des bourses mondiales et notamment des deux côtés de l’Atlantique devient fort probable dès la fin 2008.

Bien entendu, la vie ne sera pas un long fleuve tranquille et des mauvaises surprises jalonneront encore les prochains mois boursiers. Pour autant, après la crise de confiance née de la faillite de Lehman Brothers, un léger vent d’optimisme devrait désormais renaître sur les marchés.

Quant aux banques, nous ne pouvons que leur conseiller de ne pas utiliser la garantie de l’Etat. Non seulement parce qu’elle est payante mais aussi parce qu’elle impose un droit de regard sur le fonctionnement des banques signataires. En fait, ces garanties doivent simplement permettre de restaurer la confiance. Pour le reste, la fin 2008 et l’année 2009 seront certainement très riches en fusions-acquisitions et en restructuration du paysage bancaire et financier international.

Plus globalement, nous avons le devoir de rappeler qu’aujourd’hui, les valorisations boursières n’ont plus rien à voir avec la réalité économique.

Cette déconnexion s’observe de deux manières. D’une part, en comparant les capitalisations boursières et les fonds propres des entreprises cotées. D’autre part, au travers du Fed model qui permet de calculer le niveau des profits par action anticipés actuellement par le marché pour 2008.

Pour résumé, la moitié des entreprises du Cac 40 ont une capitalisation boursière inférieure à leurs fonds propres et le Fed model indique que les cours boursiers actuels anticipent une baisse des BPA d’au moins 50 %.

Sans porter de jugement de valeurs, il y a donc bien deux grands « hics ».

Aussi, sans être grand clerc non plus, il est inévitable que, compte tenu de telles valorisations, les investisseurs qui ont actuellement des liquidités ou disposent de fondamentaux solides peuvent d’ores et déjà faire leur marché et profiter de soldes défiant toute concurrence. Or, ces investisseurs ne sont pas forcément européens ou américains. En clair, les richesses de demain se font aujourd’hui. Attention aux surprises…

Marc Touati