Au fur et à mesure que la crise perdure (elle a commencé lors de l’été 2007), les observateurs avertis commencent à la comparer à la crise de 1929. Qu’en est-il exactement ?
Si les causes sont différentes, le déroulement des crises de 1929 et 2008 présentent des similitudes. Elles se sont toutes les deux propagées mondialement, des Etats-Unis vers l’Europe et ensuite, vers les pays émergents. Compte-tenu de l’accélération des transactions et l’intensification de l’interdépendance des économies, cette propagation est plus rapide aujourd’hui (6 mois) qu’en 1929 (3 ans). Autre point commun : la contagion de la crise financière à l’économie réelle, à travers deux phénomènes : la raréfaction du crédit et la chute du pouvoir d’achat (renforcée par un « effet de richesse » négatif : les pertes boursières).
En 1929, les Etats avaient laissé faire le marché, restant donc passifs devant la spirale de la récession. Il faudra en effet attendre 4 ans, avant que Franklin Roosevelt, élu en 1932, mette en œuvre des réformes (New Deal) et règlemente le secteur bancaire américain (Glass-Steagall Act et Mc Fadden Act). Aujourd’hui, les gouvernements sont plus réactifs, comme en témoignent le « package fédéral » de 700 milliards de dollars aux Etats-Unis et les plans d’action extensifs mis en place par les pays européens.
De ce fait, on peut espérer une sortie de crise plus rapide (d’ici 2 ans) et moins douloureuse : la crise de 1929, en plongeant l’Allemagne de Weimar dans le chaos (hyperinflation et chômage de masse), a permis l’avènement d’Hitler et ultérieurement, a déclenché la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, la croissance mondiale reste encore largement positive, grâce aux pays émergents, et devrait rester supérieure à 2% dans les deux années qui viennent, et cela d’autant plus que les prix des matières premières et du pétrole vont baisser, entrainant aussi une baisse de l’inflation et donc des taux d’intérêt.
Certes, la crise de 2008 sera plus longue et plus profonde que prévu, au départ. Mais nous ne sommes pas en 1929 et l’on peut trouver dans cette constatation des motifs d’optimiste.
Bernard MAROIS
Président
Club Finance HEC