Le FMI est une mine d’or

Le FMI est une mine d’or. Le Fonds Monétaire International possède en effet une des plus importantes réserves d’or au monde. A l’origine, le métal jaune assurait le bon fonctionnement du système monétaire mondial. Mais depuis la fin de l’étalon change-or, ces lingots n’avaient plus guère de rôle. Jusqu’à la crise financière actuelle.

Le FMI explique sur son site que « l’or a été l’élément central du système monétaire international jusqu’à l’effondrement du système de parités fixes de Bretton Woods en 1973 ». Les monnaies valaient donc leur pesant d’or. Plus exactement, elles étaient indexées sur le dollar américain, lui-même indexé sur le métal jaune. Seuls les Etats-Unis pouvaient gager leur devise sur l’or. Dans les coffres-forts des autres banques centrales nationales, les devises remplaçaient l’or comme garantie. Et cet or se retrouvait dans les caisses du Fonds. L’URSS en gardait également beaucoup sous le coude.

Ce système a trouvé ses limites alors que l’économie mondiale se modernisait, que les échanges monétaires et commerciaux se multipliaient et que le système des changes fixes battait de l’aile. Face au dynamisme économique, on a vite manqué d’or. Et le billet vert, en digne représentant de la montée en puissance des Etats-Unis, est devenu tout aussi attractif que le métal jaune.

Aujourd’hui, l’or du FMI prend la poussière. Le règlement du Fonds lui permet de passer, sous conditions – notamment l’accord d’une forte majorité de ses membres -, quelques transactions. Mais cela reste très rare. Le Fonds s’est délesté de quelques lingots récemment, la dernière opération du genre remontait à l’hiver 1999-2000.

En août 2007, l’or valait en Bourse environ 650 dollars. En mars dernier, son prix a grimpé à près de 1 000 dollars. A l’époque, les avoirs en or du FMI se sont chiffrés à plus de 90 milliards de dollars[1]. Une belle cagnotte.

L’institution monétaire internationale a profité de l’occasion pour vendre quelques lingots et renflouer un peu ses finances, elle qui reçoit de moins en moins d’intérêts car ses élèves soit lui empruntent moins soit lui remboursent par anticipation leur dette – c’est autant de revenus en moins pour le Fonds. En mai dernier, ses membres ont massivement voté pour la vente de 403,3 tonnes d’or, soit presque autant de métal en une seule fois que ce qui est échangé chaque année sur les marchés. Le FMI insistait à l’époque sur sa volonté de procéder à une vente « transparente avec de solides garanties ». Il justifiait aussi sa démarche : près de la moitié des 11 milliards de dollars ainsi récupérés seraient réinvestis pour ne pas déstabiliser le marché. Un afflux massif et brutal n’aurait pas été de bon ton et aurait déstabilisé un marché déjà fragile.

L’or est aujourd’hui redescendu à moins de 900 dollars et fait du yo-yo. En cette période boursière plus que troublée, avec un dollar faible, le métal jaune reste une valeur refuge très prisée. La « relique barbare », selon les termes de Keynes, ne mérite guère ce qualificatif. « C’est l’or ! Il est l’or ! L’or de se réveiller ! »[2].

L’or est même victime de son succès – et la remise sur le marché de quelques tonnes par le FMI n’y change rien. De nombreux investisseurs veulent mettre la main sur de l’or physique pour se protéger. Chez nous, les Louis d’or ressortent des bas de laine. Aux Etats-Unis, les pièces frappées d’un Indien et d’un bison, en or 24 carats, sont très demandées. Si demandées que la Monnaie américaine, ne pouvant pas suivre, a suspendu leur vente. L’institution explique qu’elle va « reconstruire son stock » « avec diligence » pour « reprendre rapidement les ventes ». Cette pièce d’une valeur faciale de 50 dollars se vendait tout de même plus de 1 000 dollars. Faute de chasser le bison, vous pouvez toujours vous offrir un petit lingot commémorant la balade spatiale des astronautes chinois.

 Alexandra Voinchet



[1] Calcul en date du 30 avril 2008, disponible sur le site Internet du FMI.

 

[2] Phrase culte issue du film tout aussi culte « La folie des grandeurs », sorti en 1971.